Le mercredi 2 octobre 2024 débutera à Rome la Deuxième Session de la XVI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, qui se poursuivra jusqu’au dimanche 27 octobre. Le cardinal Gerhard Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, participera à cette session sur invitation directe du pape François. Dans un entretien accordé au site InfoVaticana.com le 6 septembre 2024, le cardinal Müller exprime ses préoccupations quant aux évolutions au sein de l’Église catholique.
Le cardinal Müller se dit étonné par sa nomination : « Pour ma surprise, le Pape m’a nommé membre du Synode. La raison était que l’on avait besoin de plus d’expérience théologique ». Il critique ceux qui voient cette décision comme une simple tactique papale pour donner une apparence d’équilibre aux participants du Synode, notamment face aux accusations de conservatisme et de traditionalisme.
Dans cette même interview, il dénonce les dérives doctrinales qu’il observe : « De nombreux participants à ce Synode, devenu plutôt un symposium théologico-pastoral en raison de la nomination de non-évêques, ne comprennent pas clairement la nature, la mission et la constitution de l’Église catholique ».
Le crainte des influences extérieures
Le cardinal Müller conteste la vision post-Concile Vatican II, affirmant que « la constitution hiérarchico-sacramentelle de l’Église existe par droit divin », en contraste avec les idées protestantes. Il précise : « Les évêques et prêtres n’agissent pas comme des agents du peuple sacerdotal et royal de Dieu, mais au nom de Dieu pour le peuple de Dieu ».
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Le cardinal exprime ses inquiétudes concernant les influences extérieures : « Il existe le danger que les autoproclamés progressistes, en connivence avec les forces anticatholiques de la politique et des médias, introduisent dans l’Église l’Agenda 2030* ». Selon lui, cette vision wokiste est « diamétralement opposée à la dignité divine de toute personne humaine ».
Le prélat allemand se montre préoccupé par la possibilité de manipuler l’opinion publique : « Nous ne pouvons pas sanctionner une opinion légitime en faveur d’une autre avec des sanctions spirituelles en matière de changement climatique, vaccination obligatoire et immigration ».
Rendre visible l’unité de l’Église
Il souligne que « l’autorité ecclésiastique ne peut instituer de nouveaux sacrements, tout comme elle ne peut inventer de nouveaux péchés mortels ». Il critique également la participation de membres controversés au Synode, tels que James Martin et Maurizio Chiodi, en affirmant que « les positions hérétiques ne doivent pas être reconnues avec égalité de droits, car elles sapent les fondements de l’Église ».
Enfin, il met en garde contre une possible division accrue : « Ce Synode, qui n’est plus un synode des évêques mais plutôt un symposium international catholique, doit offrir l’opportunité de rendre visible l’unité de l’Église ». Selon lui, cette unité est un don de Dieu et doit transcender les politiques et diplomaties humaines.
L’ancien Préfet pour la Doctrine de la Foi voit le terme de « synodalité » comme « un terme abstrait créé artificiellement », et comme une tentative de transformation de la nature même de l’Église, en opposition à la constitution hiérarchique traditionnelle.
Les propos du cardinal Müller offrent un éclairage critique sur les défis et les tensions auxquels l’Église catholique est confrontée à la veille d’un synode décisif pour son avenir.
*L’Agenda 2030 est un programme global adopté par les Nations Unies en septembre 2015 pour promouvoir le développement durable à l’échelle mondiale. Il se compose de 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) qui visent à éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous d’ici 2030. Ces objectifs couvrent des domaines variés tels que l’éducation, la santé, l’égalité des sexes, l’eau propre, et les actions climatiques.