Depuis 2018, l’Église catholique au Nicaragua est confrontée à une répression croissante orchestrée par le régime de Daniel Ortega et de Rosario Murillo. Considérée comme une « ennemie politique de l’État », selon le Global Persecution Index 2025 d’International Christian Concern (ICC), l’Église fait face à des attaques multiformes, allant des arrestations arbitraires à la confiscation de biens, en passant par des réformes législatives ciblant directement ses activités.
Dans son rapport mondial publié le 3 janvier 2025, l’ICC souligne que les régimes autoritaires, comme celui du Nicaragua, perçoivent « l’exercice libre de la religion » comme une menace directe à leur contrôle du pouvoir. Le gouvernement nicaraguayen utilise les institutions publiques pour cibler les communautés religieuses, qu’il s’agisse d’églises catholiques ou d’organisations évangéliques.
En 2023, le régime a révoqué les licences de fonctionnement de 315 organisations religieuses, dont 38 liées à l’Église catholique, selon le Département d’État américain. La majorité de ces fermetures s’accompagne de confiscations de biens. Le régime justifie ces mesures en invoquant le non-respect des obligations administratives, mais la communauté internationale y voit une tentative systématique d’affaiblir l’Église.
Le 20 août 2024, l’Assemblée nationale a adopté une réforme fiscale historique supprimant les exonérations fiscales pour les institutions religieuses. Désormais, les églises doivent payer des impôts sur les revenus issus des dons et offrandes, avec des taux allant de 10 à 30 %. Cette mesure pourrait mettre en péril les activités caritatives et éducatives menées par l’Église.
Le même jour, le gouvernement a annoncé la fermeture de 1 500 ONG, dont 678 étaient liées à des organisations religieuses. Depuis 2018, ce sont plus de 5 100 organisations civiles qui ont été dissoutes, illustrant une répression systématique contre toute forme de dissidence.
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Depuis 2018, plus de 245 religieux ont été contraints à l’exil, parmi lesquels trois évêques, 136 prêtres et de nombreux séminaristes. Le nonce apostolique Mgr Waldemar Sommertag a également été expulsé. En août 2024, deux prêtres arrêtés les 10 et 11 août ont été transférés à Rome, tandis que sept autres prêtres ont également quitté le pays, mettant en lumière l’ampleur de la répression.
La situation de Monseigneur Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa, est emblématique. Critique du régime, il a été emprisonné avant d’être condamné à l’exil. Son engagement pour les droits humains en a fait une cible privilégiée du régime Ortega-Murillo.
Un prêtre exilé témoigne : « Tous les dimanches, des patrouilles de police stationnent devant les églises catholiques, photographient les fidèles et enregistrent les homélies. » Cette surveillance, rappelant les méthodes utilisées en Chine, vise à museler l’Église et à intimider les fidèles.
Des organisations comme les Nations Unies et l’ICC ont dénoncé cette répression. Brian A. Nichols, secrétaire d’État américain pour les affaires du continent américain, a critiqué ces mesures, affirmant qu’elles mettent en péril les droits fondamentaux au Nicaragua.
Malgré les attaques, l’Église catholique continue de se tenir aux côtés des Nicaraguayens, dénonçant les abus du régime et défendant la dignité humaine. Le pape François, exprimant sa « profonde préoccupation », a rappelé l’importance de la liberté religieuse comme pilier des droits fondamentaux.
L’Église catholique au Nicaragua demeure une voix prophétique, incarnant l’espoir pour des milliers de croyants. Tandis que le régime Ortega-Murillo s’efforce de réduire au silence ses opposants, l’Église reste un symbole de résistance, fidèle à sa mission de justice et de charité.