Un tournant inattendu ou plutôt une véritable révolution dans la formation sacerdotale en Italie : la Conférence Épiscopale Italienne (CEI) a adopté un nouveau document intitulé « La formation des presbytres dans les Églises en Italie. Orientations et normes pour les séminaires », entré en vigueur le 9 janvier 2025. Ce texte, approuvé ad experimentum pour trois ans, aborde des thématiques sensibles telles que l’entrée de personnes homosexuelles dans les séminaires, suscitant des réactions contrastées au sein de l’Église et des fidèles.
Bien que le document affirme rester en cohérence avec le Magistère de l’Église, il ouvre une brèche en précisant que « le discernement ne doit pas se réduire aux tendances homosexuelles, mais s’inscrire dans une vision globale de la personnalité du candidat ». Ce passage, interprété par certains comme une validation implicite, soulève des questions fondamentales sur l’identité sacerdotale et la fidélité aux enseignements traditionnels.
La CEI rappelle cependant que « la chasteté dans le célibat est une condition indispensable », insistant sur une vision spirituelle et non simplement affective. Mais est-il vraiment possible de concilier ces orientations avec les déclarations précédentes, qui excluaient de manière catégorique les candidats présentant des « tendances homosexuelles profondément enracinées » ou adhérant à une « culture gay » ?
Outre cette question centrale, le texte aborde également d’autres sujets épineux :
- L’implication de psychologues et de figures féminines dans la formation des séminaristes. Selon le document, « il est opportun de penser créativement aux formes de collaboration, notamment avec des laïcs, hommes et femmes ».
- La gestion des jeunes ayant quitté ou été renvoyés d’autres séminaires, pour lesquels une « prudence extrême » est recommandée.
- L’utilisation des réseaux sociaux, en insistant sur une vigilance accrue face aux dangers des « communautés virtuelles ».
Ces nouvelles directives, bien que temporaires, traduisent un changement de paradigme qui ne laisse personne indifférent.
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Si certains y voient une tentative d’adaptation à la modernité, d’autres redoutent une dilution des critères vocationnels traditionnels. Un prêtre italien, souhaitant rester anonyme, confie : « Ce document semble ouvrir la porte à des interprétations ambivalentes. L’Église doit-elle vraiment faire des concessions au monde ou préserver sa spécificité sacrée ? »
Le Vatican, par la voix du Dicastère pour le Clergé, a validé ces orientations, laissant toutefois aux évêques italiens la responsabilité de leur mise en œuvre. Une décision qui ne manquera pas de susciter débats et incompréhensions.
Alors que le document mentionne que l’objectif ultime de la formation est « une harmonie générale entre les dimensions humaine, spirituelle et pastorale », la question demeure : à quel prix cette harmonie sera-t-elle recherchée ? L’accès des personnes homosexuelles aux séminaires est-il le reflet d’une Église accueillante ou le symptôme d’un fléchissement doctrinal ?
Face à ces interrogations, les fidèles, mais aussi les prêtres eux-mêmes, attendent des clarifications. Car derrière ces nouvelles normes se joue l’avenir non seulement de la formation sacerdotale, mais aussi de la perception de l’Église dans un monde en quête de repères.
Avec Vatican.it