Il y a cinq ans, une mobilisation sans précédent de donateurs de France et d’ailleurs s’est organisée pour soutenir la reconstruction de Notre-Dame de Paris, réunissant près d’un milliard d’euros. Profitant de cet intérêt massif pour le patrimoine religieux, la Conférence des évêques de France a lancé des états-généraux en septembre 2023 afin de sensibiliser à la richesse et à la diversité du patrimoine religieux en France.
Les états-généraux du patrimoine religieux ont débuté en septembre 2023 dans le village de Bonnesvalyn, dans le département de l’Aisne, peuplé de 200 habitants. Prévus pour se terminer le 7 décembre 2024, à la veille de la réouverture de Notre-Dame de Paris, ils sont conçus comme une exposition de la diversité du patrimoine religieux en France.
Le père Gautier Mornas, responsable du département art sacré de la Conférence des évêques de France et chef de projet des états-généraux, explique que le premier des trois outils de ces états-généraux est une enquête nationale lancée auprès des églises locales, comportant « 150 questions qui abordent le patrimoine dans toutes ses dimensions (immobilier, mobilier, immatériel), mais aussi les usages, l’univers sonore, les relations avec tous les partenaires du patrimoine, donc vraiment un énorme état des lieux ».
Cette enquête lancée en novembre 2023, dont les premières réponses commencent à arriver, permettra de dresser un tableau précis du patrimoine religieux français. Des auditions, le deuxième volet, sont également menées « sur le modèle parlementaire », où « on reçoit par salve de 15, 20, 25 personnes, des institutions, des associations, des personnalités, des personnes engagées dans la valorisation du patrimoine religieux, sa protection, son utilisation.
L’idée est que ça devienne une caisse de résonance des bonnes pratiques et qu’on puisse finalement dupliquer à l’échelle nationale ce que certains réussissent parfois très localement ».
Le troisième volet des états-généraux est constitué d’une série d’événements proposés régulièrement tels que des journées de réflexion ou d’études, des colloques, des manifestations « qui permettent d’aborder la question du patrimoine religieux à chaque fois par un biais différent.On est un peu comme un grand magasin parisien, c’est à dire que toutes les six semaines, on propose une nouveauté », plaisante le prêtre du diocèse de Périgueux.«
Récemment, une journée sur les usages compatibles avec le patrimoine religieux a eu lieu le 18 mars, rassemblant 130 personnes. Le 4 avril, c’est au patrimoine sonore que les états-généraux ont consacré une rencontre, au son des cloches, carillons, orgues ou harmoniums.
Si la Conférence des évêques de France a voulu mettre en valeur le patrimoine religieux, ce n’est pas seulement pour l’amour des belles pierres : « lorsqu’on s’intéresse aujourd’hui dans l’Église au patrimoine religieux, on ne le fait pas d’abord comme esthète », indique le père Mornas, « on ne le fait pas uniquement parce qu’on est passionné d’histoire ou d’architecture. On le fait parce que c’est utile pour l’annonce de la Bonne nouvelle ».
Cette dimension missionnaire était au cœur des préoccupations des initiateurs des états généraux lors du lancement du projet. Le père Mornas a lancé avec le service national du catéchuménat une grande consultation auprès des équipes accompagnant les futurs baptisés, dont les résultats confirment l’importance de l’art sacré : un tiers des répondants déclare que le patrimoine religieux est le premier motif de conversion. Paul Claudel à Notre-Dame de Paris, ou encore Camille Costa de Beauregard à Chambéry, ne se sont-ils pas convertis simplement en entrant dans une cathédrale ? « Ce n’est pas que le patrimoine religieux a ‘’encore’’ un rôle dans l’évangélisation aujourd’hui, c’est qu’il l’a plus que jamais », insiste-t-il.
Et le père Mornas de conclure : « s’il en était besoin aujourd’hui, tous les chiffres nous disent que s’occuper du patrimoine religieux, c’est être missionnaire et évangéliser ».
Source Vatican news