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Trump-Harris : vers quel candidat se porte le vote catholique aux États-Unis ?

Les deux candidats à l'élection présidentielle américaine - Capture CBS News
Les deux candidats à l'élection présidentielle américaine - Capture CBS News
Une récente étude révèle les préférences des électeurs chrétiens de différentes confessions, y compris les catholiques.

L’élection présidentielle américaine, le 5 novembre prochain, approche et les derniers sondages placent la candidate démocrate, Kamala Harris, en tête dans trois Etats clés. Du côté des électeurs catholiques, qui représentent plus de 20 % de la population américaine, qui de Donald Trump ou de Kamala Harris suscite l’adhésion ?

Une récente enquête révèle les préférences des électeurs chrétiens de différentes confessions, y compris les catholiques. Selon l’étude publiée par le Pew Research Center, la majorité des protestants blancs, en particulier les évangéliques, continuent de soutenir massivement Donald Trump, comme en 2016 et en 2020. 77 % des évangéliques blancs et 55 % des protestants blancs non évangéliques ont exprimé leur soutien au candidat républicain. Pour 78 % des protestants noirs, en revanche, la préférence va à l’actuelle vice-présidente. 

Un vote hétéroclite

Les catholiques, quant à eux, affichent des tendances plus partagées : 49 % soutiennent Trump, tandis que 44 % se prononcent en faveur de Harris dont les positions pro-avortement, notamment, vont à l’encontre de la doctrine catholique. Loin d’être monolithique, le vote catholique américain a évolué au cours des décennies. Il y a cinquante ans, les catholiques américains souvent d’origine immigrée, appuyaient inconditionnellement les démocrates, constituant un bloc homogène sur lequel le parti pouvait se reposer. Aujourd’hui, cette unité s’est grandement délitée. « La base catholique immigrante a quitté les centres-villes pour rejoindre les banlieues. Ils sont aussi devenus plus riches et ont commencé ainsi à se tourner vers le Parti républicain« , explique le professeur William D. Dinges à Cath.ch.

Le clivage au sujet de l’avortement a contribué à fissurer l’appui des catholiques au Parti démocrate. « Dans les années 1970, les démocrates ont soutenu la décision Roe vs Wade, qui légalise l’avortement. Ils ont perdu beaucoup de catholiques à ce moment-là. Depuis, les Républicains ont su saisir les divisions qui ont régné autour de cet enjeu« , observe Steven P. Millies, théoricien politique à la Catholic Theological Union de Chicago.

Donald Trump à son arrivée au tribunal de Manhattan au deuxième jour de son procès pour fraude, en octobre 2023 (DR).

Au sein de l’électorat catholique, il est également important de distinguer « les catholiques blancs et les catholiques d’origine hispanique. Les premiers sont majoritairement républicains, alors que les catholiques d’origine hispanique, plus sensibles à la problématique de l’immigration, sont davantage pro-démocrate », rappelait François Mabille, chercheur au CNRS à RCF en mars dernier à l’occasion du « Super Tuesday ».

Le souci de l’intégrité du candidat Trump, déclaré coupable de 34 chefs d’accusation en pénal dans l’affaire Stormy Daniels, ne semble pas peser outre mesure dans la balance pour les électeurs catholiques. « Il n’est plus question de vote de valeur, mais de vote d’identité, explique Steven P. Millies. Le catholicisme aux États-Unis est devenu une identité de marque plus qu’un respect de la parole du Pape. Désormais, les électeurs sont plus nombreux à être à l’aise pour dire que le Pape a tort et que Trump a raison« , ajoute-t-il.

Sans surprise, l’enquête révèle que Donald Trump bénéficie d’un solide soutien parmi les électeurs plus âgés, dans les zones rurales et chez ceux sans diplôme supérieur. Kamala Harris, au contraire, a su séduire un public plus jeune et les habitants des zones métropolitaines.

D’après les résultats du centre de recherches américain, si l’élection se tenait aujourd’hui, 46 % des répondants voteraient pour Harris, 45 % pour Trump et 7 % pour le candidat indépendant Robert Kennedy JR., neveu de JFK. 

L’enquête a été réalisée auprès de 9 201 électeurs inscrits entre le 5 et le 11 août.

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