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Le Pape François et l’idéologie dominante : l’Église peut-elle échapper à l’influence des dogmes modernes ?

Michel-Ange - La Tentation et l'Expulsion d'Adam et Ève du Jardin, Chapelle Sixtine, Le Vatican
Michel-Ange - La Tentation et l'Expulsion d'Adam et Ève du Jardin, Chapelle Sixtine, Le Vatican
François met en garde contre la tentation de traiter l’histoire de l’Église comme un terrain de révisionnisme, où les déviations idéologiques peuvent transformer l’Église en une simple projection de valeurs modernes.

Dans une lettre récemment adressée aux séminaristes, le Pape François a exprimé son désir de voir un renouvellement profond dans l’étude de l’histoire de l’Église, incitant à se libérer des influences idéologiques et des simplifications modernes. Ce message, qui fait écho à sa lutte constante contre l’idéologie dominante, interpelle les croyants et les futurs prêtres : il est essentiel de redécouvrir l’histoire de l’Église dans sa réalité, sans les filtres des pensées contemporaines.

Le Saint-Père commence sa lettre en soulignant l’importance d’une « réelle sensibilité historique » et insiste sur le fait qu’aucun homme ne peut savoir « véritablement qui il est et ce qu’il veut être demain sans nourrir le lien qui l’unit aux générations qui l’ont précédé ». Pour le Pape, ce n’est pas seulement une question académique, mais une invitation à redécouvrir les racines profondes de la foi chrétienne, souvent altérées par les récits idéologiques. Cette approche s’inscrit dans la vision chrétienne d’une Église en constante évolution, marquée par ses épreuves et ses erreurs, mais toujours fidèle à sa mission salvifique.

Le Pape François va plus loin, appelant à « aimer l’Église telle qu’elle est », ce qui implique d’abandonner l’illusion d’une Église idéalisée et de s’affirmer dans la réalité de l’Église, avec ses « taches et ses rides ».

« Aimer l’Église telle qu’elle est » signifie accepter la difficulté de voir l’Église dans toute sa splendeur et dans ses imperfections, et se rappeler que « l’Église a appris et continue d’apprendre de ses erreurs et de ses chutes ». Pour le Saint-Père, cela est essentiel à une compréhension authentique de l’histoire de l’Église et à une réconciliation avec son passé.

Aci précise que ce discours s’inscrit dans une réflexion plus large sur la manipulation de l’histoire par des idéologies qui, sous des « couleurs » variées, cherchent à détruire « tout ce qui est différent » pour préserver leur propre pouvoir. Le Pape dénonce cette tendance qui conduit à mépriser le passé et, par là, à ignorer l’essence même de l’Église. En effet, dans un monde où les idéologies dominantes cherchent sans cesse à réécrire l’histoire pour correspondre à leurs besoins, François met en garde contre la tentation de traiter l’histoire de l’Église comme un terrain de révisionnisme, où les déviations idéologiques peuvent transformer l’Église en une simple projection de valeurs modernes.

Le Pape François précise que « la vérité, une fois révélée, ne peut être manipulée à notre gré pour servir des objectifs idéologiques ». Une mise en garde importante contre ceux qui, sous couvert de réformes ou de progrès, cherchent à effacer des pans entiers de l’histoire de l’Église pour conformer ses récits aux attentes contemporaines. Il avertit qu’une telle démarche crée des « récits d’identité » qui, loin de refléter la vérité chrétienne, sont construits pour exclure et diviser, tout en servant des intérêts politiques ou sociaux.

Dans un monde où l’idéologie domine largement les discours publics, le Pape insiste sur la nécessité de préserver une vision fidèle de l’histoire, fondée sur les principes évangéliques et sur la sagesse de l’Église. Pour François, les historiens ont un rôle crucial à jouer : « Les historiens peuvent représenter l’un des antidotes pour affronter ce régime mortel de haine basé sur l’ignorance et les préjugés ». Ce n’est qu’en rendant hommage à l’histoire véritable de l’Église, en reconnaissant ses luttes et ses erreurs, que l’on pourra dépasser les divisions actuelles et éviter que l’Église ne devienne une simple construction idéologique.

Dans ce même esprit, le Saint-Père appelle à une attention particulière à la fragilité humaine de ceux à qui « l’Évangile est confié ». Une prise de conscience qui doit être accompagnée d’efforts pour « combattre ces déficiences avec la plus grande énergie » afin que les faiblesses humaines n’entravent pas la diffusion de l’Évangile. Ce n’est qu’en acceptant cette réalité que l’Église pourra remplir pleinement sa mission, sans se laisser distraire par les tentations d’une histoire idéalisée ou politisée.

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Le Pape François insiste également sur le fait que « le pardon n’implique pas l’oubli ». Il invite à « une mémoire pénitentielle, capable d’assumer le passé pour libérer le futur des propres insatisfactions, confusions ou projections ». Cela fait écho à son appel à éviter une approche réductrice de l’histoire, où l’Église ne serait vue qu’à travers des événements isolés, déconnectés de leur véritable contexte historique et spirituel.

Dans un monde où les médias et les réseaux sociaux façonnent rapidement les opinions et alimentent des jugements hâtifs, le Pape François met en garde contre les dangers d’une lecture simpliste et idéologique de l’histoire. Il insiste sur le fait que l’histoire de l’Église doit être étudiée avec sérieux et profondeur, et non par « couper-coller » ou des lectures superficielles. Cela nécessite un engagement sincère à comprendre les réalités passées, sans chercher à les modeler selon des objectifs idéologiques.

Enfin, François rappelle que « là où l’Église n’a pas triomphé aux yeux du monde, c’est là qu’elle a atteint sa plus grande beauté ». Cette réflexion résume le cœur de son message : l’Église, loin de se conformer aux attentes du monde, doit rester fidèle à son véritable appel, celui de proclamer la vérité, de défendre la dignité humaine et de promouvoir l’amour divin, même face à l’adversité.

Le Pape François lance donc un appel vigoureux contre l’idéologie qui cherche à manipuler l’histoire et à faire de l’Église un instrument au service de tendances politiques ou sociales. Il nous rappelle que l’histoire de l’Église ne peut être comprise qu’en restant fidèle à la vérité chrétienne, sans la déformer pour des raisons idéologiques. La vérité, le pardon et la mémoire sont les clés pour une Église qui, malgré ses imperfections, continue de porter la lumière du Christ dans un monde de plus en plus régi par des idéologies destructrices.

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