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Pakistan : Libération de deux frères chrétiens après une accusation de blasphème falsifiée

Sahil Shahid et Raheel Shahid - DR
Sahil Shahid et Raheel Shahid - DR
Après des mois de détention et une enquête bâclée, la justice pakistanaise a enfin accordé son acquittement à Sahil et Raheel Shahid, deux frères chrétiens accusés à tort de blasphème.

Le 25 janvier 2025, une décision de justice vient de donner un nouveau souffle d’espoir aux chrétiens du Pakistan, marquée par l’acquittement de deux jeunes frères chrétiens accusés à tort de blasphème. Sahil Shahid et Raheel Shahid, âgés de 18 ans, ont été libérés après que leur avocat, Maître Javed Sahotra, a prouvé que les accusations portées contre eux étaient entièrement fabriquées.

Les deux jeunes hommes, originaires du village de Qulay Wala, dans le district de Kasur, ont été accusés en août 2024 de détruire des pages du Coran, une accusation grave au Pakistan où les lois sur le blasphème imposent des peines sévères, y compris la peine de mort. Toutefois, l’avocat de la défense a démontré que l’enquête menée par la police était défaillante et que les témoins, lors de l’audience, n’ont pas pu identifier les versets coraniques prétendument profanés.

Au cours du procès, le juge Farzana Shahzad a accepté les arguments de la défense, notant que l’enquête était menée de manière insuffisante et que la police n’avait pas les qualifications nécessaires pour mener une telle investigation, notamment le fait que l’inspecteur principal chargé de l’affaire ne comprenait pas l’arabe, langue du Coran.

L’accusation de blasphème contre les Shahid avait pour but, selon l’avocat, de semer la peur parmi les chrétiens locaux et de les forcer à quitter leur village. Cette manipulation s’inscrivait dans un contexte de tensions sociales, où des intérêts financiers pourraient avoir joué un rôle dans ces accusations fausses.

Cette victoire judiciaire intervient dans un contexte tendu où les lois sur le blasphème au Pakistan sont de plus en plus contestées pour leur utilisation abusive, souvent à des fins de persécution religieuse. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme a d’ailleurs exprimé ses préoccupations sur l’augmentation des fausses accusations et les violences qu’elles engendrent.

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Malgré leur libération, les Shahid continuent de faire face à des menaces potentielles, et leur avocat a souligné que la famille avait besoin de protection en raison des tensions persistantes dans la région. Les observateurs internationaux, y compris Amnesty International, soulignent l’importance de réformer ces lois draconiennes, qui affectent de manière disproportionnée les minorités religieuses au Pakistan.

Aujourd’hui, les chrétiens représentent environ 2 à 3 % de la population pakistanaise, constituant principalement des catholiques romains, des protestants et des membres de diverses communautés chrétiennes. La majorité des chrétiens vivent dans les provinces du Pendjab et du Sindh, souvent dans des communautés modestes. Malgré leur faible nombre, les chrétiens jouent un rôle important dans la société, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, où ils gèrent de nombreuses écoles et hôpitaux. Cependant, la minorité chrétienne au Pakistan fait face à des défis considérables, notamment des discriminations sociales, des violences, et l’utilisation abusive des lois sur le blasphème, qui ciblent souvent les chrétiens.

Le cas des frères Shahid n’est que l’une des nombreuses affaires de blasphème qui ont conduit à l’injustice, à la violence et parfois à la mort de personnes innocentes au Pakistan. Cette affaire est un symbole de la résistance courageuse des chrétiens pakistanais face à l’injustice et une nouvelle preuve que, malgré les intimidations, la vérité finit toujours par triompher.

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