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Canal de Panama : face aux inquiétudes de Donald Trump, Monseigneur Ulloa défend la souveraineté nationale

Monseigneur Ulloa  - DR
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L’archevêque a ainsi insisté sur la nécessité d’unir la population face aux enjeux extérieurs et d’éviter que le pays ne devienne un simple territoire disputé entre les grandes puissances.

Alors que Donald Trump remet en question l’abandon américain du Canal de Panama et dénonce l’influence chinoise sur cette voie maritime stratégique, l’archevêque de Panama, Monseigneur José Domingo Ulloa, exhorte les Panaméens à l’unité nationale et à la défense de leur souveraineté. Entre préoccupations économiques, tensions géopolitiques et questions de souveraineté, le Panama se retrouve au cœur d’un bras de fer entre les grandes puissances.

Donald Trump multiplie les déclarations sur la nécessité pour les États-Unis de reprendre leur influence sur le Canal de Panama, dénonçant un abandon qu’il juge « une terrible erreur ».Jusqu’en 1999, le Canal de Panama, construit et administré par les États-Unis, garantissait un contrôle américain sur l’une des routes maritimes les plus stratégiques du monde. Mais depuis sa rétrocession au gouvernement panaméen, la situation a évolué, et Washington s’inquiète aujourd’hui du rôle croissant de la Chine dans la gestion de cette infrastructure clé.

Pékin a massivement investi dans le pays, obtenant des concessions stratégiques et développant des infrastructures portuaires autour du canal, une situation que Donald Trump considère comme une menace pour la sécurité économique et militaire des Etats-Unis. Face à cela, le président Trump a déclaré qu’il comptait « étudier toutes les options » pour protéger les intérêts américains, ce qui pourrait signifier un durcissement diplomatique avec Panama et une pression accrue sur les autorités locales.

Monseigneur Ulloa exhorte les Panaméens à défendre leur souveraineté

Dans ce climat de tension, Mgr José Domingo Ulloa Mendieta, archevêque de Panama et président de la Conférence épiscopale, a profité d’une messe télévisée le dimanche 9 février pour appeler à l’unité nationale et à la défense de l’indépendance panaméenne.

« Notre pays traverse des moments décisifs, surtout en ce qui concerne notre souveraineté et notre stabilité. »

Sans faire directement référence aux déclarations de Donald Trump, Monseigneur Ulloa a rappelé l’importance de maintenir la gestion du canal entre les mains du Panama, un message adressé autant à la Chine qu’aux États-Unis.« Il est temps de nous rassembler pour protéger notre souveraineté et garantir un avenir stable à notre nation. »

L’archevêque a ainsi insisté sur la nécessité d’unir la population face aux enjeux extérieurs et d’éviter que le pays ne devienne un simple territoire disputé entre les grandes puissances.

Le Canal de Panama est devenu un point de friction entre Washington et Pékin, alors que la Chine renforce son influence économique en Amérique latine. Pékin a multiplié ses investissements dans le pays et détient des intérêts stratégiques majeurs dans la gestion des infrastructures autour du canal.

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Cette situation a été évoquée par Mgr Ulloa, qui a tenu à apaiser les tensions et à reconnaître l’apport historique de la communauté chinoise installée à Panama :

« Nous devons reconnaître les contributions et les sacrifices des immigrants chinois qui ont choisi de s’installer ici, de fonder des familles, de créer des entreprises et de contribuer, par leur travail, au progrès de notre pays. Ils nous ont énormément enrichis, travaillant dans les chemins de fer, dans le Canal de Panama, et se fondant avec notre peuple. »

Si ces paroles se veulent rassurantes, elles traduisent aussi la conscience croissante de l’enjeu géopolitique que représente la présence chinoise à Panama, alors que Donald Trump et son administration considèrent cette influence comme une menace directe aux intérêts américains.

L’Église catholique, un rempart contre les ingérences étrangères ?

Dans cette situation complexe, l’Église catholique panaméenne cherche à se positionner comme un facteur de stabilité et de dialogue. Monseigneur Ulloa a insisté sur la nécessité d’une mobilisation spirituelle, appelant les Panaméens à prier pour que les autorités du pays prennent des décisions éclairées :

« Que Dieu donne sagesse et prudence aux autorités » chargées de gérer ces tensions internationales et de garantir un avenir stable pour le Panama.

Avec cette prise de parole, l’archevêque affirme veut afficher une position qui se veut équilibrée : ni domination américaine, ni soumission à la Chine. Mais le Panama pourra-t-il résister à la pression croissante des deux grandes puissances ?

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