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Série -Les cathédrales – Symbolique de la cathédrale de Chartres ( 2/5) – Description

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Se dresse un chef-d’œuvre gothique où la pierre, la lumière et la foi s’unissent pour former l’une des cathédrales les plus vastes, les plus riches et les mieux conservées de France

Après avoir présenté ce joyau cultuel, culturel et patrimonial, décrivons-le. Une structure gigantesque La forme de l’édifice, orienté vers l’Est (ou plutôt au Nord-Est…nous en verrons la raison et la symbolique ultérieurement), est celle d’une croix latine avec nef basilicale. La nef comprend 7 travées d’ogives (si l’on s’arrête aux piliers du transept) que longent des collatéraux. Les deux bas-côtés simples de la nef deviennent doubles dans le chœur. Les bras du transept se composent de trois travées voutées d’ogives et sont percés en leurs extrémités de trois portails précédés de porches flanqués de tourelles.

Le projet primitif devait comporter une tour centrale surmontée de flèche sur le transept, comme le suggèrent les quatre piles très massives composées de colonnes engagées qui cantonnent le carré de transept.

Plan de la cathédrale (Dictionnaire raisonné de l’architecture française – Eugène Viollet-le-Duc). Autour de l’abside du chœur, hémicycle composé de sept pans (nous en verrons la signification), le double déambulatoire (permettant la circulation des nombreux pèlerins), est lui aussi voûté d’ogives quadripartites. Celui-ci dessert les chapelles absidiales (qui étaient utilisées pour les messes privées) et la sacristie construite entre 1260 et 1270 au Nord sur deux travées dont l’axe est légèrement différent de celui de la cathédrale.
La cathédrale gothique reprend le massif occidental de l’ancien édifice.


Avec les dimensions suivantes, l’édifice fait partie des plus grandes cathédrales de France :
Hauteur sous voûte : 37,50 m
Hauteur du sol au faîte de la toiture : 51 m
Hauteur du clocher de style roman : 105 m
Hauteur du clocher de style gothique : 115 m


Longueur intérieure : 130 m (133 m pour Amiens), dont longueur de l’avant-nef : 17 m, longueur de la nef : 44 m, croisée du transept : 14 m, longueur du chœur : 37 m, déambulatoire et chapelle axiale : 18 m, largeur du vaisseau central de la nef : 16,40 m (12 m pour Notre-Dame de Paris), largeur de la nef avec les bas-côtés : 33 m, largeur intérieure du transept de trumeau à trumeau: 63,4 m, largeur du chœur avec les bas-côtés : 47 m


Largeur de la façade Ouest : 48 m, dont le portail Royal : 15 m
Largeur de chacune des façades Nord ou Sud : 40 m.


Trois niveaux (symboliquement intéressants) sont très visibles, notamment dans la nef, avec les grandes arcades en arc brisé, puis le triforium (apport gothique) qui devient continu, composé de 3 ou généralement 4 arcs brisés par travée, et enfin les fenêtres hautes à lancettes géminées en arcs brisés surmontées d’une rose à huit lobes qui occupe toute la largeur du mur. La maîtrise de l’arc brisé, de l’ogive et de l’arc-boutant a ainsi permis la suppression du niveau des tribunes propre aux années 1140-1180 (cathédrales de Laon, Noyon, Saint-Germer-de-Fly, Senlis, entre autres) et l’agrandissement des arcades et des fenêtres hautes.


Avec ses 650 m², le chœur est le plus vaste de France, et le transept de 63,4 m est le plus long. La crypte romane est également la plus grande de France. La cathédrale comprend 3 500 statues, dont 200 dans la clôture du chœur. On compte 9 portails sculptés, ce qui est unique en Europe. La grande rosace avec ses 13,36 mètres de diamètre est une des plus grandes du monde (les deux rosaces du transept de Notre-Dame de Paris ont un diamètre de 13,1 mètres).
Près de 9 000 personnages sont représentés dans la cathédrale, si l’on compte les vitraux. La Vierge est figurée 181 fois. On compte 176 verrières. La surface totale de vitraux est de 2 600 m2 ; la cathédrale possède ainsi la plus importante surface au monde de vitraux des XIIe et XIIIe siècles.

Le sol de la nef est en très légère pente ascendante. Cependant, le sol des bas-côtés est bien horizontal, ce qui fait qu’à la croisée des transepts, il est au même niveau que celui de la nef, alors que du côté de la façade occidentale (située en fait au Sud-Ouest), il est à quatre marches au-dessus de celui de la nef.
Épargné par les guerres et les révolutions, l’édifice est considéré comme la cathédrale gothique la plus complète et la mieux conservée de France : environ 90 % de son gros œuvre, 80 % de ses sculptures, 60 % de ses vitraux ainsi que de son dallage sont d’origine, bien qu’elle soit construite avec les techniques de l’architecture romane. Il y a donc continuité et non rupture entre le roman et le gothique.

La cathédrale est principalement construite en calcaire de Morancez (Lutétien) et en calcaire de Beauce (Chattien) d’origine lacustre, appelé « pierre de Berchères » car il provient des carrières de Berchères-les-Pierres, à cinq kilomètres au Sud de Chartres. Ce calcaire est dur, lourd et compact (peu poreux, il est étanche), avec une texture grossière peu adaptée aux fines sculptures. Il est difficile à travailler, mais il est solide et très résistant dans le temps. Il était réservé aux fondations et aux soubassements des bâtiments dans la région, tandis que des calcaires plus fins et tendres ont été utilisés en élévation, mais ces derniers étaient difficilement disponibles à Chartres. Cette pierre est aussi utilisée pour le dallage à l’intérieur de la cathédrale, avec une pierre marbrière noire probablement importée des Ardennes.

Les sculptures des portails, en revanche, sont en calcaire lutétien, plus précisément du « liais franc», venant des anciennes carrières de Paris. Il se reconnait à sa teinte plus jaune qui se détache de la pierre de Berchères, d’un blanc grisâtre. La clôture du chœur quant à elle, finement sculptée, est en pierre de Vernon, une craie blanche, tendre et très fine, réputée à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, et bien adaptée pour ce type de sculpture ; elle contient quelques rares silex noirs très durs.

Pour l’essentiel, la façade occidentale fut construite au XIIe siècle. La moitié supérieure de sa partie centrale remonte au XIIIe siècle et les étages supérieurs de la tour septentrionale au début du XVIe siècle, chaque ensemble étant construit dans le style de l’époque. La tour Sud (dite « clocher Vieux»), d’une hauteur de 103 m, est reconnaissable à sa flèche octogonale effilée édifiée entre 1142 et 1170. La tour Nord (dite « clocher Neuf »), haute de 115 m et ornée de baies sculptées, a été achevée en 1516.

Les étages inférieurs de la tour Nord sont en vérité plus anciens que la tour Sud. En effet, on entreprit la construction du premier étage en 1134, après un incendie datant de la même année ; le second étage fut réalisé entre 1145 et 1152, et le troisième étage fut commencé en 1194, après un autre incendie. Son beffroi était à l’origine un simple clocher de bois, mais il fut détruit par un incendie en 1506. Cette même année, Jehan de Beauce se vit confier la construction de l’actuel clocher de style gothique flamboyant, achevé en 1516.

Les tours sont de plan carré à la base, pour devenir octogonales (nous en verrons la symbolique ultérieurement). Au sommet de la flèche Sud se trouve la Lune surplombant une croix, tandis qu’à celui de la flèche Nord se trouve le Soleil.

Le clocher Nord a contenu six cloches, dont trois bourdons. On peut citer, principalement, Marie et Gabrielle, les plus gros et les plus anciens de la cathédrale. On estime que Marie devait peser quinze tonnes et Gabrielle dix. Ces six cloches ont été fondues vers la fin 1793 pour fabriquer des canons et de la monnaie de bronze.

La cathédrale comporte actuellement sept cloches :

  • Marie, d’un poids de 6 tonnes, date de 1845 et sonne en Fa# ;
  • le Timbre, d’un poids de 5 tonnes, seul rescapé de l’ancien régime, date de 1520. Il se trouve dans la Lanterne et sonne le La ; il marque les heures ;
  • Joseph, d’un poids de 2 350 kg date aussi de 1840 ; il se trouve dans la grande tour et sonne un Si ; il bat en volée ;
  • Anne, fut fondue en 1845, placée dans la Petite Tour. Ses 2 040 kg sonnent un Ré et battent à la volée ;
  • Élisabeth, d’un poids de 1 515 kg date de la même année, se trouve dans la petite tour et donne un Mi à la volée ;
  • Piat, fondue aussi en 1845 pour être placée dans le même clocher, pèse 870 kg et sonne un Fa# en volée ;
  • Fulbert pèse 1 095 kg, se trouve dans la petite tour et donne un Sol en volée.

Elle constitue la porte d’entrée principale de l’édifice religieux. Encadrée par deux tours, elle présente un programme sculpté important, constitué de 24 grandes statues (il en reste 19 aujourd’hui) et plus de 300 figures y forment un décor en harmonie avec l’architecture de la cathédrale. Cette façade, large de 47,65 m, est percée d’une rosace de 12 mètres de diamètre : autour d’un œil central à 12 lobes, rayonnent 12 colonnes à larges chapiteaux portant 12 quartiers à 2 médaillons entre lesquels s’inscrivent 12 rosaces extérieures à 8 lobes, séparées par des quadrilobes. La rose surmonte 3 baies en lancette : la baie axiale, appelée verrière de l’Enfance du Christ, mesure 11 mètres de haut sur 3,80 mètres de large (c’est la plus grande baie du XIIe siècle en France).

Elle est flanquée au Sud du vitrail de la Passion et au Nord d’une verrière consacrée à l’Arbre de Jessé, répondant point par point aux trois portails sculptés de l’étage inférieur, constituant le portail Royal. Au sommet se trouve une galerie de 16 statues identifiées comme la lignée des rois de Juda, avec au milieu la statue du roi David reposant sur un lion. Cette galerie est elle-même surmontée à l’extrémité du pignon, dont le galbe comporte une statue de la Vierge entourée de deux anges ; au sommet, une statue de trois mètres représente le Christ donnant sa bénédiction.

Le portail Royal se compose de 3 baies ; il est à la charnière de l’art roman et de l’art gothique. Il a probablement été réalisé par les mêmes sculpteurs que le portail de la basilique Saint-Denis. Les trois tympans proclament les mystères de la Foi. Ils représentent respectivement de gauche à droite, selon une interprétation courante, l’Ascension, la Parousie et l’Incarnation.


Les 3 baies précédées d’un perron à 5 marches sont unifiées par une longue frise sculptée qui, courant de chapiteau en chapiteau entre les statues-colonnes et les tympans, raconte la vie du Christ avec des dizaines de petites figures réparties en trente-six scènes. Cette frise se lit de droite à gauche en allant du portail central au clocher neuf, puis de gauche à droite en allant du portail central au clocher vieux.
Les chapiteaux, d’un style naïf et dynamique, contrastent avec les statues colonnes racontant la vie du Christ. On y voit ainsi le dernier repas, le lavement des pieds, l’arrestation du Christ et le baiser de Judas, les pèlerins d’Emmaüs, l’apparition à Thomas etc.

Observons d’abord la baie de droite, consacrée à l’Incarnation.

Ici, Jésus vient au monde grâce au « oui » de Marie. Au premier registre, se succèdent l’Annonciation, la Visitation et l’Annonce aux bergers. Les scènes font preuve d’intensité psychologique : on lit la sérénité des regards échangés entre Marie et Élisabeth qui s’embrassent avec respect. Des scènes très pittoresques y figurent par exemple avec l’un des gardiens du troupeau qui joue de la flûte de pan.


Au deuxième registre, la présentation au Temple de Jérusalem anticipe la figuration de la Vierge en majesté. L’enfant occupe toujours une position centrale, qu’il soit élevé sur le lit de sa mère, debout sur l’autel du temple, annonciateur de son sacrifice ou sur les genoux de sa mère – trône de la sagesse, dominant des scènes de sa vie. Sur les voussures sont notamment figurés les sept arts libéraux, chacun étant accompagné d’un personnage l’ayant illustré : Pythagore pour la Musique, Gerbert ou Boèce pour l’Arithmétique, Quintilien ou Cicéron pour la Rhétorique, Archimède ou Euclide pour la Géométrie, Socrate ou Platon, voire Aristote pour la Philosophie (Platon est plus probable car sa philosophie fut proche de la pensée chrétienne), Ptolémée pour l’Astronomie, enfin Chilon ou Donat pour la Grammaire.

C’est aujourd’hui l’entrée habituelle de la cathédrale, côté Ouest.
Dans les voussures des portes latérales, c’est l’humanité qui s’exprime – prolongeant par son travail le dessein créateur de Dieu et hâtant son retour. Ainsi, les signes du zodiaque, présents dans les deux portes, scandent le temps des hommes, donné par Dieu, celui des mois et des saisons. Ils désignent chacun des mois de l’année et alternent avec les travaux saisonniers (moisson, battage, vendanges, glandée …).

Détaillons à présent la baie de gauche.

Le tympan de gauche illustre l’Ascension du Christ. On remarque qu’il y a aussi des signes du Zodiaque dans les voussures.
Le portail central est consacré à la Parousie décrite dans le 4ᵉ chapitre de l’Apocalypse.

Au tympan, un Christ en majesté figure dans une mandorle, entouré du tétramorphe (les quatre évangélistes et Jésus lui-même, nous le verrons dans l’étude des sens et des symboles), tenant le Livre des Sept Sceaux. Les vingt-quatre vieillards tenant dans leurs mains des flacons de parfum et des instruments de musique sont réunis dans les voussures (avec des anges, tenant l’astrolabe). Au sommet, deux anges tiennent une couronne au-dessus de la tête du Christ. Le linteau est occupé par les apôtres, groupés par trois et encadrés par deux prophètes, Elie et Hénoch. L’Ancien et le Nouveau Testament sont donc réunis ici.

Il se présente, comme le portail Sud, sous la forme d’un porche percé de trois portails reliés par des accès latéraux. Ses statues ont été réalisées entre 1205 et 1210. Elles représentent des scènes de l’Ancien Testament et de la vie de la vierge Marie en trois parties : l’annonce du Sauveur à droite, l’Incarnation à gauche, et le triomphe de la Vierge au centre. Les voussures de la baie évoquent les épisodes de la Genèse ou reprennent le thème des travaux et des jours.


La baie de droite représente l’annonce du Sauveur, sur le tympan, avec le jugement de Salomon dans le registre inférieur et Job sur son tas de fumier dans le registre supérieur. Dans l’ébrasement de gauche on voit, de gauche à droite, les statues de Samson ou de Balaam, de la reine de Saba et de Salomon au-dessus du bouffon Marcolf (apparaissant dans un récit médiéval), et dans l’ébrasement de droite celles de Ben Sirach, de Judith ou de la Sybille d’Érythrée et de Gédéon ou de Joseph, fils de Jacob.

La baie de gauche représente des épisodes de la vie de Marie. L’ébrasement de gauche accueille d’abord Joseph, le père adoptif du Christ ou Daniel, voire le prophète Isaïe qui a annoncé selon l’Ancien Testament que « la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils », puis l’Annonciation : on voit Marie écouter l’ange Gabriel en portant un livre symbolisant la sagesse. L’ébrasement de droite, en symétrique, présente la scène de la Visitation où Marie va chez Élisabeth, puis, isolé à droite, l’époux de celle-ci, Zacharie, ou bien un prophète qui pourrait être Malachie. Le tympan montre la naissance de Jésus et le réveil des bergers sur le registre inférieur, la venue des rois Mages et leur départ sur le registre supérieur ; cette disposition permet de placer la Vierge avec l’Enfant au centre.

Dans l’avant-porche, l’avant-dernier cordon extérieur de la voussure symbolise la vie active et la vie contemplative : six figures illustrent les activités d’une femme active à gauche, et six autres, à droite, les attitudes d’une femme contemplative.La baie centrale représente, dans le tympan, le Couronnement de la Vierge et, sur le trumeau, Anne, mère de Marie. La porte est entourée de dix statues représentant des personnages de l’Ancien Testament qui ont prophétisé la naissance de Jésus-Christ et les événements de sa vie, soit de gauche à droite, sur l’ébrasement de gauche : Melchisédech, Abraham, Moïse, Samuel ou Aaron, puis David, et sur l’ébrasement de droite, Isaïe au-dessus de Jessé endormi, Jérémie, Siméon, Jean-Baptiste et saint Pierre.


Sur le bord de l’avant-porche, les deux cordons extérieurs de la voussure représentent la création du Monde selon la Genèse dans dix-huit tableaux se déclinant sur chacun des cordons.La partie haute des trois baies met en évidence le lien entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel.


Au sommet du centre de chacune, un Christ bénissant est entouré de deux anges, un thuriféraire et un céroféraire. En bas, dans quatre niches, trônent quatre rois, l’un pose ses pieds sur un lion couché, un autre écrase un homme tombé, mais chacun est subordonné au pouvoir du Christ. Ils ne détiennent donc leur pouvoir temporel que par l’intervention du pouvoir spirituel, c’est-à-dire de l’évêque.

Le portail Sud, celui de la Nouvelle Alliance, du Nouveau Testament

Le portail Sud, comme le portail Nord, comporte 3 baies précédées par un avant-porche. Il est consacré à l’Église, donc à la Nouvelle Alliance, au Nouveau Testament, depuis les apôtres (en baie centrale) jusqu’aux confesseurs, c’est-à-dire les saints n’ayant pas subi le martyre (en baie de droite) et aux martyrs (baie de gauche). Sa datation est proche de celle du portail Nord, peut-être légèrement antérieure. Le portail méridional constitue une véritable hymne au Christ et à son Église, avec une forte Espérance en l’universalité de la Rédemption.

Le Christ Sauveur règne à la porte centrale, comme sur le portail occidental, mais avec la volonté d’affirmer sa victoire sur le mal (le Christ sur le trumeau foule de ses pieds le lion et le dragon).
L’ensemble est consacré au Jugement dernier : au centre le motif de l’Intercession, à gauche celui des martyrs, et à droite celui des confesseurs, tous assemblés autour du Christ-Juge. Le Jugement lui-même se rend en toute sérénité (il convient là de noter que l’on est très éloigné de l’imaginaire fantastique de l’époque romane, et surtout des visions simplistes d’un monde moyenâgeux que l’on imagine aujourd’hui obnubilé par l’Enfer). La vision qui nous est donnée du Juge est celle d’un « beau Dieu », éminemment esthétique.

La Vierge et saint Jean prient le Rédempteur et Le vénèrent, alors que les anges portent en triomphe les instruments du supplice du Christ : cela suggère que c’est parce qu’il a souffert que le Christ peut juger. L’archange Michel sépare élus et damnés. Rois, évêques, moines et bourgeois se détournent du Créateur, tandis que les élus, paisibles, chantent la Gloire de Dieu.
Les statues des ébrasements représentent, de gauche à droite, Simon le Zélote ou saint Jude un peu à l’écart, saint Matthieu, saint Philippe, saint Thomas, saint André et saint Pierre tenant ses clefs, puis à droite de la porte saint Paul, saint Jean, saint Jacques le Majeur, saint Jacques le Mineur, saint Barthélemy et saint Jude ou saint Matthieu un peu à l’écart.

En baie de gauche, le martyre de saint Étienne (traîné hors de Damas puis tué par lapidation, occupe le tympan, en dessous d’un Christ bénissant avec à ses côtés deux anges) est entouré des autres principaux martyrs, les saints Clément, Laurent, Vincent (au-dessus des animaux qui n’ont pas dévoré son corps), Denis, Théodore (Théodore Tiron ou Théodore-le Stratilate), Georges, Jean-Baptiste, Piat ou saint Rustique (certains voient aussi Thomas Becket). À l’opposé, la charité est mise en valeur avec saint Martin partageant son manteau avec un mendiant et saint Nicolas sauvant des malheureux. Ainsi ce portail montre que l’acte d’amour par le partage et le don de soi jusqu’à la mort par le martyre sont des voies donnant directement accès à Dieu.

La baie de droite est consacrée aux Confesseurs. Dans le tympan, en bas à gauche saint Martin donne à un pauvre la moitié de son manteau ; au milieu à gauche, il voit en songe le Christ, qui est représenté au sommet du tympan. En bas à droite, saint Nicolas donne de l’argent à un père pour sauver ses trois filles ; au milieu à droite, une huile miraculeuse coule du lit dans lequel il est couché.
On trouve dans l’ébrasement de gauche les statues de saint Laumer, du pape saint Léon ou saint Sylvestre, de saint Ambroise et de saint Nicolas ; dans celui de droite, celles de saint Martin, de saint Jérôme, de saint Grégoire le Grand et de saint Avit.

L’avant-porche est soutenu par quatre piliers ornés de bas-reliefs faisant écho aux thèmes traités dans les baies dont ils encadrent l’accès. Le premier, à gauche, est consacré au martyre de vingt-quatre saints. Le second et le troisième représentent chacun douze des vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse ainsi que 6 vertus mises en opposition avec 6 vices. Le dernier pilier contient vingt-quatre scènes de la vie des Confesseurs.

Le portail Sud, celui de la Nouvelle Alliance, du Nouveau Testament

Le portail Sud, comme le portail Nord, comporte 3 baies précédées par un avant-porche. Il est consacré à l’Église, donc à la Nouvelle Alliance, au Nouveau Testament, depuis les apôtres (en baie centrale) jusqu’aux confesseurs, c’est-à-dire les saints n’ayant pas subi le martyre (en baie de droite) et aux martyrs (baie de gauche). Sa datation est proche de celle du portail Nord, peut-être légèrement antérieure. Le portail méridional constitue une véritable hymne au Christ et à son Église, avec une forte Espérance en l’universalité de la Rédemption.

Le Christ Sauveur règne à la porte centrale, comme sur le portail occidental, mais avec la volonté d’affirmer sa victoire sur le mal (le Christ sur le trumeau foule de ses pieds le lion et le dragon).
L’ensemble est consacré au Jugement dernier : au centre le motif de l’Intercession, à gauche celui des martyrs, et à droite celui des confesseurs, tous assemblés autour du Christ-Juge. Le Jugement lui-même se rend en toute sérénité (il convient là de noter que l’on est très éloigné de l’imaginaire fantastique de l’époque romane, et surtout des visions simplistes d’un monde moyenâgeux que l’on imagine aujourd’hui obnubilé par l’Enfer). La vision qui nous est donnée du Juge est celle d’un « beau Dieu », éminemment esthétique.

La Vierge et saint Jean prient le Rédempteur et Le vénèrent, alors que les anges portent en triomphe les instruments du supplice du Christ : cela suggère que c’est parce qu’il a souffert que le Christ peut juger. L’archange Michel sépare élus et damnés. Rois, évêques, moines et bourgeois se détournent du Créateur, tandis que les élus, paisibles, chantent la Gloire de Dieu.
Les statues des ébrasements représentent, de gauche à droite, Simon le Zélote ou saint Jude un peu à l’écart, saint Matthieu, saint Philippe, saint Thomas, saint André et saint Pierre tenant ses clefs, puis à droite de la porte saint Paul, saint Jean, saint Jacques le Majeur, saint Jacques le Mineur, saint Barthélemy et saint Jude ou saint Matthieu un peu à l’écart.

En baie de gauche, le martyre de saint Étienne (traîné hors de Damas puis tué par lapidation, occupe le tympan, en dessous d’un Christ bénissant avec à ses côtés deux anges) est entouré des autres principaux martyrs, les saints Clément, Laurent, Vincent (au-dessus des animaux qui n’ont pas dévoré son corps), Denis, Théodore (Théodore Tiron ou Théodore-le Stratilate), Georges, Jean-Baptiste, Piat ou saint Rustique (certains voient aussi Thomas Becket). À l’opposé, la charité est mise en valeur avec saint Martin partageant son manteau avec un mendiant et saint Nicolas sauvant des malheureux. Ainsi ce portail montre que l’acte d’amour par le partage et le don de soi jusqu’à la mort par le martyre sont des voies donnant directement accès à Dieu.

La baie de droite est consacrée aux Confesseurs. Dans le tympan, en bas à gauche saint Martin donne à un pauvre la moitié de son manteau ; au milieu à gauche, il voit en songe le Christ, qui est représenté au sommet du tympan. En bas à droite, saint Nicolas donne de l’argent à un père pour sauver ses trois filles ; au milieu à droite, une huile miraculeuse coule du lit dans lequel il est couché.
On trouve dans l’ébrasement de gauche les statues de saint Laumer, du pape saint Léon ou saint Sylvestre, de saint Ambroise et de saint Nicolas ; dans celui de droite, celles de saint Martin, de saint Jérôme, de saint Grégoire le Grand et de saint Avit.

L’avant-porche est soutenu par quatre piliers ornés de bas-reliefs faisant écho aux thèmes traités dans les baies dont ils encadrent l’accès. Le premier, à gauche, est consacré au martyre de vingt-quatre saints. Le second et le troisième représentent chacun douze des vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse ainsi que 6 vertus mises en opposition avec 6 vices. Le dernier pilier contient vingt-quatre scènes de la vie des Confesseurs.

Nous poursuivrons la description dans le prochain article, consacré aux vitraux, au labyrinthe, au voile de la Vierge et aux orgues.

Stéphane BROSSEAU

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