En ce 23 juin, l’Église fait mémoire de sainte Étheldrede, aussi appelée Audrey,fondatrice et abbesse d’Ely. Reine sans royaume terrestre, elle sut préserver la perle précieuse de la virginité, et orienter toute sa vie vers Dieu dans un monde encore plongé dans les tumultes de l’Heptarchie.La ferveur populaire dont jouissait autrefois sainte Audrey se mesure au nombre impressionnant d’églises anglaises qui portaient son nom. Cette princesse de sang royal, fille du roi Anna d’Est-Anglie, vécut au VIIe siècle, alors que l’Angleterre était encore morcelée entre sept royaumes païens ou nouvellement évangélisés : Essex, Sussex, Wessex, Kent, Mercie, Est-Anglie et Northumbrie.
Audrey désirait ardemment conserver sa virginité pour le Seigneur. Mais son père, soucieux d’alliances politiques, lui imposa un premier mariage avec le prince Tonbert, homme déjà âgé et malade. Le mariage dura trois ans, sans qu’elle eût à renoncer à son vœu intérieur. À la mort de Tonbert, elle crut pouvoir se retirer dans la vie religieuse, mais fut contrainte d’épouser un second époux : le jeune Egfrid, prince de Northumbrie.
Alors que le mariage restait chaste pendant les premières années – Egfrid étant encore enfant – celui-ci, devenu adulte, voulut revendiquer ses droits d’époux. Sainte Audrey prit alors la fuite. Elle se réfugia dans l’abbaye de Cuningham, refusant de trahir le don de sa virginité. Egfrid, loin d’user de la force, accepta cette séparation et épousa plus tard une autre femme.Libérée de toute obligation temporelle, Audrey fonda le monastère d’Ely, dans les terres marécageuses de l’Est-Anglie, où elle reçut le voile des mains de saint Wilfrid, évêque de York. Elle devint abbesse de cette communauté florissante, dirigée avec autorité et douceur, donnant à ses filles l’exemple d’une vie toute livrée à la louange de Dieu.
Elle priait longuement la nuit, chantant les psaumes avec ferveur, et forma un grand nombre de vierges consacrées. Son renom de sainteté s’étendit bien au-delà des frontières de son royaume. Lorsque son corps fut exhumé plusieurs années après sa mort, il fut retrouvé incorrompu, signe traditionnel de la faveur divine.Sainte Audrey, vierge et reine, reste un modèle lumineux pour notre temps : elle rappelle que la fidélité au Christ peut briller au cœur même des contraintes politiques, et qu’aucune pression humaine ne peut étouffer l’appel intérieur du Seigneur.
Son tombeau, devenu haut lieu de pèlerinage, est désormais surmonté par la magnifique cathédrale d’Ely. Sa mémoire demeure vivante, non seulement dans l’histoire du christianisme anglais, mais dans l’Église universelle qui célèbre, à travers elle, la victoire de la grâce sur le pouvoir des rois.
Avec nominis