Selon le Saint Pére , une « laïcité parfois mal comprise » empêche souvent les élus d’agir en cohérence avec leur foi, alors même que l’Évangile éclaire leur mission au service du bien commun.Dans son discours prononcé en présence de Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, le pape a affirmé : « Il n’est pas facile en France, pour un élu, en raison d’une laïcité parfois mal comprise, d’agir et de décider en cohérence avec sa foi dans l’exercice de responsabilités publiques. »
Pour Léon XIV, cette vision de la laïcité tend à marginaliser la foi et à exclure toute référence chrétienne de l’espace public, créant un climat où les responsables politiques sont contraints de dissimuler ou d’édulcorer leurs convictions.
Au-delà de cette critique, le pape a rappelé que le salut offert par le Christ « englobe toutes les dimensions de la vie humaine », de la culture à l’économie, en passant par la famille, la dignité de la vie et la politique. Aux élus du Val-de-Marne confrontés à la violence, l’insécurité et la précarité, il a proposé de puiser dans la charité chrétienne une force transformatrice : « la charité devient charité sociale et politique : elle nous fait aimer le bien commun et conduit à chercher efficacement le bien de tous », a-t-il cité du Compendium de la Doctrine sociale de l’Église.Le pape Léon XIV a aussi invité les élus à dépasser la tentation de compartimenter leur vie publique et leur foi personnelle : « Il n’y a pas de séparation dans la personnalité d’une personne publique : il n’y a pas d’un côté l’homme politique, de l’autre le chrétien. » Pour lui, l’élu chrétien est appelé à assumer cette unité, même face aux pressions partisanes ou idéologiques, avec le courage de dire « non » quand la vérité est en jeu.
Le pape a donc confié les élus et leur pays à la protection de Notre-Dame de l’Assomption. Il les a exhortés à garder l’espérance et la certitude que leurs efforts, unis au Christ, « porteront du fruit et obtiendront leur récompense ».
DISCOURS DE SA SAINTETÉ LE PAPE LÉON XIV
À UNE DÉLÉGATION D’ÉLUS
ET DE PERSONNALITÉS CIVILES DU VAL DE MARNE
(DIOCÈSE DE CRÉTEIL)
Salle du Consistoire
Jeudi 28 août 2025
« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La paix soit avec vous !
I’m sure many of you speak English, no ? I am going to attempt to speak French counting on your benevolence !
Je salue bien cordialement Son Excellence Monseigneur Dominique Blanchet, et je souhaite la bienvenue à vous tous, élus et personnalités civiles du Diocèse de Créteil, en pèlerinage à Rome.
Je suis heureux de vous accueillir dans votre démarche de foi : vous retournerez à vos engagements quotidiens fortifiés dans l’espérance, mieux affermis pour œuvrer à la construction d’un monde plus juste, plus humain, plus fraternel, qui ne peut être rien d’autre qu’un monde davantage imprégné de l’Évangile. Devant les dérives de toutes sortes que connaissent nos sociétés occidentales, nous ne pouvons pas mieux faire, en tant que chrétiens, que de nous tourner vers le Christ et demander son secours dans l’exercice de nos responsabilités.
C’est pourquoi votre démarche, plus qu’un simple enrichissement personnel, est d’une grande importance et d’une grande utilité pour les hommes et les femmes que vous servez. Et elle est d’autant plus méritoire qu’il n’est pas facile en France, pour un élu, en raison d’une laïcité parfois mal comprise, d’agir et de décider en cohérence avec sa foi dans l’exercice de responsabilités publiques.
Le salut que Jésus a obtenu par sa mort et sa résurrection englobe toutes les dimensions de la vie humaine telles que la culture, l’économie et le travail, la famille et le mariage, le respect de la dignité humaine et de la vie, la santé, en passant par la communication, l’éducation et la politique. Le christianisme ne peut se réduire à une simple dévotion privée, car il implique une manière de vivre en société empreinte d’amour de Dieu et du prochain qui, dans le Christ, n’est plus un ennemi mais un frère.
Votre région, lieu de vos engagements, est affrontée à de grandes questions de société comme la violence dans certains quartiers, l’insécurité, la précarité, les réseaux de drogue, le chômage, la disparition de la convivialité… Pour y faire face, le responsable chrétien est fort de la vertu de Charité qui l’habite depuis son baptême. Celle-ci est un don de Dieu, une « force capable de susciter de nouvelles voies pour affronter les problèmes du monde d’aujourd’hui et pour renouveler profondément de l’intérieur les structures, les organisations sociales, les normes juridiques. Dans cette perspective, la charité devient charité sociale et politique : elle nous fait aimer le bien commun et conduit à chercher efficacement le bien de tous » (Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, n. 207). Voilà pourquoi le responsable chrétien est mieux préparé pour affronter les défis du monde présent, dans la mesure, bien sûr, où il vit et témoigne de sa foi agissante en lui, de sa relation personnelle au Christ qui l’éclaire et lui donne cette force. Jésus l’a affirmé avec vigueur : « En dehors de moi vous ne pourrez rien faire ! » (Jn 15, 5) ; il ne faut donc pas s’étonner que la promotion de “valeurs”, pour évangéliques qu’elles soient, mais “vidées” du Christ qui en est l’auteur, soient impuissantes à changer le monde.
Alors, Monseigneur Blanchet me demandait des conseils à vous adresser. Le premier – et le seul – que je vous donnerai est celui de vous unir de plus en plus à Jésus, d’en vivre et d’en témoigner. Il n’y a pas de séparation dans la personnalité d’une personne publique : il n’y a pas d’un côté l’homme politique, de l’autre le chrétien. Mais il y a l’homme politique qui, sous le regard de Dieu et de sa conscience, vit chrétiennement ses engagements et ses responsabilités !
Vous êtes donc appelés à vous fortifier dans la foi, à approfondir la doctrine – en particulier la doctrine sociale – que Jésus a enseignée au monde, et à la mettre en œuvre dans l’exercice de vos charges et dans la rédaction des lois. Ses fondements sont foncièrement en accord avec la nature humaine, la loi naturelle que tous peuvent reconnaître, même les non chrétiens, même les non croyants. Il ne faut donc pas craindre de la proposer et de la défendre avec conviction : elle est une doctrine de salut qui vise le bien de tout être humain, l’édification de sociétés pacifiques, harmonieuses, prospères et réconciliées.
J’ai bien conscience que l’engagement ouvertement chrétien d’un responsable public n’est pas facile, particulièrement dans certaines sociétés occidentales où le Christ et son Église sont marginalisés, souvent ignorés, parfois ridiculisés. Je n’ignore pas non plus les pressions, les consignes de parti, les “colonisations idéologiques” – pour reprendre une heureuse expression du Pape François –, auxquelles les hommes politiques sont soumis. Il leur faut du courage : le courage de dire parfois “non, je ne peux pas !”, lorsque la vérité est en jeu. Là encore, seule l’union avec Jésus – Jésus crucifié ! – vous donnera ce courage de souffrir pour son nom. Il l’a dit à ses disciples :« Dans le monde, vous aurez à souffrir, mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).
Chers amis, je vous remercie de votre visite et je vous assure de mes plus sincères encouragements pour la poursuite de vos activités au service de vos compatriotes. Gardez l’espérance d’un monde meilleur ; gardez la certitude qu’unis au Christ, vos efforts porteront du fruit et obtiendront leur récompense. Je vous confie, ainsi que votre pays, à la protection de Notre-Dame de l’Assomption, et je vous donne de grand cœur la Bénédiction Apostolique. »
Source Vatican