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Monseigneur Aillet aux côtés des paysans : une voix courageuse contre l’injustice et l’abandon

Monseigneur Aillet - DR
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Dans son communiqué, Monseigneur Marc Aillet replace avec force la crise agricole dans une perspective plus large, sociale et morale

Alors que la colère du monde agricole ne cesse de monter, une voix épiscopale s’est élevée avec clarté, gravité et courage. Dans un communiqué daté du 15 décembre 2025, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, a pris publiquement position en faveur des agriculteurs et des éleveurs frappés de plein fouet par les politiques actuelles, notamment l’abattage systématique des troupeaux en cas de dermatose nodulaire contagieuse.

Depuis plusieurs jours, les éleveurs se mobilisent pour dénoncer une mesure qu’ils jugent disproportionnée et destructrice. Comme le souligne Mgr Marc Aillet, cette colère est pleinement compréhensible : l’abattage intégral d’un troupeau revient souvent à anéantir le travail de toute une vie, un héritage transmis de génération en génération, et parfois la seule source de subsistance d’une famille.L’évêque rappelle que de nombreux syndicats agricoles contestent cette politique d’abattage total, qu’ils estiment injuste et inefficace, et plaident pour des solutions alternatives, plus respectueuses du travail des éleveurs : abattage ciblé des animaux réellement infectés, vaccination préventive des cheptels dans les zones à risque, voire sur l’ensemble du territoire. Des propositions de bon sens, enracinées dans la réalité du terrain, mais trop souvent ignorées.Les inquiétudes sont d’autant plus vives que plane la menace de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, qui pourrait être adopté à Bruxelles les 18 et 19 décembre. Cet accord ouvrirait la porte à l’importation massive de viandes sud-américaines produites selon des normes environnementales et sanitaires bien moins exigeantes que celles imposées aux agriculteurs français. Une concurrence jugée profondément déloyale, qui fragilise encore davantage un secteur déjà exsangue.

Dans son communiqué, Monseigneur Marc Aillet replace avec force la crise agricole dans une perspective plus large, sociale et morale. Il rappelle une réalité souvent passée sous silence : près de 20 % des agriculteurs français vivent sous le seuil de pauvreté, et les statistiques officielles font état de plus d’un suicide d’agriculteur tous les deux jours. Un drame silencieux qui interroge directement la conscience collective.

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L’évêque cite également François Guillaume, ancien président de la FNSEA et ancien ministre de l’Agriculture, qui alertait sur la perte annuelle de dizaines de milliers d’hectares de terres cultivables, de centaines de milliers de têtes de bétail, et, à terme, sur la capacité même de la France à nourrir sa population. Peut-on réellement imaginer une France sans paysans ? s’interroge implicitement Mgr Marc Aillet. Une telle perspective signerait non seulement la mort du monde rural, mais aussi la fin de la souveraineté alimentaire nationale.

Dans une parole enracinée dans la doctrine sociale de l’Église, l’évêque de Bayonne affirme que le combat des agriculteurs est un combat pour la dignité humaine, pour la justice et pour le Bien commun. Il exprime son respect, sa proximité et son soutien fraternel à tous ceux qui luttent pour un modèle agricole plus juste, assurant les agriculteurs et leurs familles de sa prière.À l’heure où tant de responsables préfèrent le silence ou les formules technocratiques, la prise de position de Monseigneur Marc Aillet rappelle opportunément que l’Église n’a pas vocation à se détourner des détresses concrètes. En défendant les paysans, elle défend aussi une certaine idée de l’homme, de la terre et de la responsabilité envers les générations futures.

Communiqué de Mgr Marc Aillet concernant les agriculteurs en colère

« La mobilisation des éleveurs qui s’insurgent contre l’abattage systématique des troupeaux en cas de dermatose nodulaire contagieuse, fait depuis plusieurs jours la une de l’actualité et attire de nouveau l’attention des médias sur la situation souvent dramatique des agriculteurs dans notre pays.

Cette colère des agriculteurs est on ne peut plus compréhensible, dans la mesure où l’abattage de tout un troupeau réduit pour ainsi dire à néant le travail de toute une vie…
C’est la raison pour laquelle plusieurs syndicats agricoles s’opposent à la politique d’abattage total, qu’à tort ou à raison ils jugent injuste et inefficace, préconisent l’abattage ciblé des animaux effectivement infectés, et proposent une stratégie préventive fondée sur la vaccination du cheptel dans les zones à risque et si nécessaire, sur l’ensemble du territoire national.

Les inquiétudes du monde agricole sont d’autant plus vives que l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur qui pourrait être adopté par le Conseil de l’Europe à Bruxelles les 18 et 19 décembre, prévoit de facto l’importation de dizaines de milliers de tonnes supplémentaires de viande bovine et de volaille en provenance de plusieurs pays d’Amérique du sud, qui ne sont nullement tenus de respecter les normes environnementales et sanitaires auxquelles nos agriculteurs et nos éleveurs sont soumis.

Dans ces conditions, le combat légitimement mené par les agriculteurs et les éleveurs qui luttent pour leur dignité et leur survie, et par conséquent, pour la pérennité de l’agriculture française, ne peut laisser quiconque indifférent.

A-t-on suffisamment conscience qu’en France, près de 20% des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté et que les statistiques officielles font état de plus d’un suicide d’agriculteur tous les deux jours ?

Les agriculteurs sont aujourd’hui deux fois moins nombreux qu’il y a 15 ou 20 ans, et si l’on en croit M. François Guillaume (ancien président de la FNSEA et ancien ministre de l’agriculture), la France « perd chaque année des dizaines de milliers d’hectares de terres cultivables, plusieurs centaines de milliers de têtes de bétail et, bientôt, la capacité de nourrir les Français ».

Mais peut-on vraiment imaginer une France sans paysans ? Ce serait bien évidemment une tragédie pour le monde rural dans son ensemble et pour nos territoires, mais aussi, la fin de la « souveraineté alimentaire » du pays.

Aux agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques ou d’ailleurs qui souffrent et qui luttent pour un modèle agricole plus juste et plus conforme aux exigences du Bien commun, j’exprime mon profond respect, ma proximité et mon soutien fraternel, tout en les assurant de ma prière pour eux-mêmes et leurs familles.

+Marc Aillet
évêque de Bayonne, Lescar et Oloron

Fait à Bayonne, le 15 décembre 2025″

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