Depuis 2000 ans

“Alain Delon était fidèle à la messe de minuit” : Catherine Massu témoigne en exclusivité pour Tribune Chrétienne

Alain Delon en 2019 - DR
Alain Delon en 2019 - DR
La veuve du général Jacques Massu, proche et voisine d'Alain Delon dans le Loiret, s'est confiée sur l'acteur.

“Je me souviens très bien des circonstances de ma première rencontre avec Alain Delon. Nous habitions à Conflans-sur-Loing, pas très loin de sa propriété de Douchy-Montcorbon dans le Loiret. Avec mon mari, le génal Jacques Massu, nous avons fait sa connaissance lors de la messe de Noël 1990, dans l’église de Douchy.

A la sortie, après le chant les « Anges dans nos campagnes », je cherche mon mari qui avait disparu et finis par le retrouver en grande conversation avec un homme non reconnaissable, car emmitouflé dans une grande écharpe. Je m’approche et reconnais Alain Delon. C’est ainsi que notre relation est née, et s’est développée entre voisins, gaullistes qui plus est.

On connait Alain Delon pour ses coups de sang et ses amours au pluriel. Quant à moi, je garde en souvenir sa grande fidélité.

Sa fidélité en amitié

Pendant des années, nous nous sommes vus lors des fêtes de fin d’année, à la messe et les 1er janvier, lors desquels Alain venait présenter à mon mari ses vœux pour la nouvelle année.

Un jour, nous revenions d’un voyage dans le sud de la France et je trouve un message de Rosalie van Breemen, qui partageait alors la vie d’Alain. Le maire de Châteaurenard voulait laisser construire une usine de vitrification de déchets d’amiante à proximité d’une école primaire.

Une noria de camions pleins d’amiante s’annonçait sur nos petites routes de campagne autour du site. Rosalie était très remontée contre ce projet. Elle avait réussi à intéresser la rédaction du magazine VSD. Un journaliste allait venir à Douchy et Rosalie avait convaincu mon mari et un autre voisin, l’astrophysicien Hubert Reeves, de se joindre à l’interview pour un plus fort impact médiatique. Quelque temps après, Rosalie et Alain nous recevaient tous à diner.

Catherine Massu.

Ces rencontres ont entretenu notre relation pendant une dizaine d’années.

Lorsqu’Alain joua avec sa fille Anouchka « Une journée ordinaire » au théâtre des Bouffes parisiens, mon mari était décédé depuis plusieurs années mais Alain me fit signe pour aller le voir sur les planches. Dans La République du Centre qui l’interviewait, Alain témoignait alors avec grande gentillesse qu’il était resté en relation avec moi.

Par ces souvenirs, je veux simplement témoigner de la délicatesse et de la grande fidélité qu’avait Alain Delon avec ses amis.

Sa fidélité avec ses chiens

Un jour, j’arrive chez lui pour lui apporter un document. Il vient m’accueillir au portail avec une vieille chienne. Alain revenait juste d’un tournage en Italie et avait recueilli cette chienne abimée qu’il avait adoptée. Comme elle était vraiment très fatiguée, Alain décide de la charger dans ma 4L pour revenir du portail à la maison.

Une autre fois, Alain nous propose de visiter le chantier de sa future chapelle funéraire. On découvre alors, autour de cette dernière demeure, un cimetière très personnel. Se retrouvaient là tous les chiens qui avaient compté dans sa vie. Il nous expliquait que les emplacements n’étaient pas le fruit du hasard : les tombes tenaient compte des affinités que ses chiens avaient entretenues entre eux. C’était une façon pour lui de prolonger sa fidélité avec ses animaux qu’il aimait tant.

Ces anecdotes en disent long sur ses relations avec le monde canin.

Une tradition chrétienne incarnée

J’ai pu constater sa grande générosité au travers de son investissement dans la reconstruction du fort Massu de Timia, dans l’Aïr au nord du Niger. Lorsque mon mari commandait à Niamey, au début des années cinquante, ses soldats avaient construit un fort pour s’aguerrir au travail en montagne.

Avec les années et les vents de sable, le fortin s’était beaucoup dégradé et l’association « Les Amis de Timia » avait décidé d’aider la population à restaurer ce bâtiment pour héberger des touristes amateurs d’astronomie. Mon mari en a parlé à Alain Delon qui, spontanément et généreusement, a participé financièrement au projet. Alain aurait aimé aller l’inaugurer avec mon mari, mais celui-ci étant trop âgé pour faire un tel voyage, l’expédition n’a finalement pas eu lieu.  

Je n’ai pas souvenir qu’Alain évoquait entre nous des sujets très intimes comme la foi. On sait qu’il gardait toujours sur lui une petite croix offerte par sa mère. Anouchka a dit que son père aimait embrasser cette croix en parlant du « petit Jésus ».

Je suppose que Rosalie, d’origine néerlandaise, n’était pas catholique. Pourtant, pendant toutes ces années, on a toujours croisé le couple et leurs enfants aux messes de minuit. La fidélité même à la foi de ses ancêtres était sa façon de traverser la vie.”

Propos recueillis par Vianney Mallein pour Tribune Chrétienne

Recevez chaque jour notre newsletter !

Lire aussi :