Le 13 janvier 2025, au Centre des congrès et de la culture de la nation de Beştepe à Ankara, le président Recep Tayyip Erdoğan a proclamé 2025 « Année de la Famille » en Turquie. Lors de cette cérémonie, il a annoncé une série de mesures destinées à renforcer l’institution familiale et à contrer les influences qu’il juge néfastes pour la société turque.
Dans son discours, Erdoğan a mis en garde contre les politiques de neutralisation du genre, affirmant qu’elles visent directement la famille, avec le mouvement LGBT utilisé comme « bélier ». Il a déclaré :
« Il est de notre responsabilité commune de protéger nos enfants et nos jeunes contre les tendances néfastes et les idéologies perverses. Les tendances culturelles néolibérales traversent les frontières et s’infiltrent dans tous les recoins du monde. Elles permettent également aux mouvements LGBT et autres d’étendre leur influence. »
Le président a également souligné une baisse alarmante du taux de croissance démographique en Turquie, passant de 2,53 % en 2015 à 0,23 % en 2024. Il a exprimé sa préoccupation face à la diminution des mariages, à l’augmentation des divorces et au recul de l’âge du premier mariage et de la maternité. Pour remédier à cette situation, Erdoğan a dévoilé plusieurs initiatives, notamment :
- Des prêts sans intérêt différé pour les jeunes mariés.
- La création de crèches gratuites ou à tarifs réduits.
- Une augmentation des allocations pour enfants, avec une aide unique à la naissance portée à 5 000 lires pour le premier enfant, et des allocations mensuelles de 1 500 lires pour le deuxième enfant et de 5 000 lires pour le troisième et les suivants, versées directement sur les comptes des mères sans condition.
Ces mesures visent à encourager la formation de nouvelles familles et à soutenir les familles existantes, dans le but de renforcer la structure sociale du pays. Erdoğan a insisté sur le fait que la protection de la famille est essentielle pour l’avenir de la nation, déclarant :
« Quoi qu’on en dise, l’attitude de la Turquie sur cette question est claire, et il n’y aura jamais de retour en arrière. »
Cependant, ces déclarations et initiatives ont suscité des critiques de la part de certains médias internationaux, qui accusent le président turc d’homophobie et de transphobie. Erdoğan, quant à lui, affirme que ses positions sont motivées par la volonté de défendre les valeurs familiales traditionnelles et de protéger la société turque des influences qu’il considère comme destructrices.
Rappelons que cette crise démographique que dénonce Erdoğan en Turquie n’est pas un phénomène isolé : la France elle-même connaît une baisse significative de sa natalité, révélant une tendance préoccupante à l’échelle européenne. Avec seulement 663.000 naissances pour 646.000 décès en 2024, la France s’approche dangereusement d’un déficit naturel. Le taux de fécondité, tombé à 1,62 enfant par femme, atteint son plus bas niveau depuis 1919.
Une situation qui interroge sur l’avenir démographique du pays et la pérennité de ses structures sociales. Alors qu’Erdoğan s’efforce d’inverser cette dynamique en Turquie avec des politiques natalistes affirmées, la France, quant à elle, semble également peiner à proposer une réponse efficace à ce défi majeur.
Un combat partagé avec l’Église catholique
Cette prise de position d’Erdoğan sur la famille fait écho aux préoccupations de nombreux responsables catholiques, et en premier lieu du pape François. Depuis le début de son pontificat, François n’a cessé de rappeler l’importance de la famille comme cellule fondamentale de la société, dénonçant les idéologies qui voudraient la déconstruire. Dans son exhortation apostolique Amoris Laetitia, il affirme que « la force de la famille réside essentiellement dans sa capacité à aimer et à enseigner à aimer », soulignant ainsi que la stabilité du foyer est un bien commun essentiel.
Le Vatican lui-même a régulièrement exprimé ses inquiétudes face à l’avancée des théories du genre, perçues comme une remise en question des fondements naturels et anthropologiques de la famille. Le cardinal Sarah, ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin, avait ainsi dénoncé « une colonisation idéologique » menaçant les structures familiales traditionnelles.
Si la vision d’Erdoğan sur d’autres sujets peut différer de celle du pape François, il est indéniable que la défense de la famille comme pilier fondamental de la société est un point d’accord entre ces deux figures. Une convergence qui dérange sans doute ceux qui militent pour une transformation radicale des modèles familiaux traditionnels, mais qui rappelle que, quelle que soit la culture ou la religion, la famille demeure une valeur universelle à protéger.