Dans une lettre adressée aux prêtres du pays, datée du 15 août, jour de la Solennité de l’Assomption, les membres de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria ont dénoncé des « violations graves et scandaleuses » de la part du clergé. La missive, signée par l’archevêque Lucius Iwejuru Ugorji, l’évêque Augustine Ndubueze Echema et l’évêque Donatus Aihmiosion Ogun, énonce douze abus entachant la célébration de la liturgie dans les paroisses nigérianes.
- Des écarts par rapport aux prières prescrites et aux rubriques de la messe, y compris la prière eucharistique.
- Une manipulation irrévérencieuse de l’Eucharistie.
- Des prêtres marchant vers l’autel en portant l’ostensoir lors de l’exposition du Saint-Sacrement et bénissant les fidèles « avec des gestes semblables à ceux de l’aspersion d’eau bénite ».
- De la « musique inappropriée », y compris des chansons profanes.
- Des « danses indécentes », y compris lors de l’exposition eucharistique.
- La « commercialisation » de la liturgie avec « des collectes de fonds trop fréquentes et en plein milieu des célébrations liturgiques ».
- L’utilisation du pupitre « pour poursuivre des intérêts personnels ».
- L’incorporation de coutumes locales incompatibles avec la foi catholique sous prétexte d’inculturation.
- Le port de vêtements inappropriés.
- Le manque de préparation des célébrations liturgiques.
- L' »invention de rites », comme une cérémonie dédiée aux enfants où un jeune est parfois placé sur l’autel.
- La bénédiction d’objets non reconnus comme sacramentaux par l’Église.
Le Nigeria, pays d’Afrique de l’Ouest qui compte environ 32 millions de catholiques, affiche le pourcentage de participation à la messe le plus élevé au monde. Il se classe néanmoins au 6e rang mondial des pays où les chrétiens subissent le plus de persécutions, en raison notamment de la violence islamiste.
Dans un tel contexte, les évêques ont rappelé avec force aux prêtres que « l’autel n’était pas une scène de théâtre, ni la liturgie un espace ouvert aux nouveautés », et insisté sur le fait que « la fidélité aux lois de l’Église n’était pas optionnelle mais obligatoire ».
Des mesures contre les prêtres fautifs
Les prélats ont également lancé un appel solennel aux évêques nigérians à prendre des mesures immédiates contre « les prêtres fautifs » afin de leur faire prendre conscience de la gravité de leurs actes : « Il est de votre devoir sacré de veiller à ce que la liturgie dans votre diocèse soit conduite avec la dignité et la révérence qu’elle exige ».
L’an dernier, le père David Okole, un prêtre de l’État d’Imo au Nigeria, avait fait part de son indignation après avoir vu deux prêtres rompre l’Hostie au mauvais moment lors de la messe. Dans une lettre adressée aux évêques du monde entier, accompagnant son Motu proprio de 2021, Traditionis custodes, le pape François avait lui-aussi mis en garde contre ces dérives : « Je vous demande d’être vigilants pour garantir que chaque liturgie soit célébrée avec décorum et fidélité aux livres liturgiques promulgués après le Concile Vatican II, sans les excentricités qui peuvent facilement dégénérer en abus ».
Les évêques nigérians ont enfin appelé à se souvenir que la liturgie était « un avant-goût du banquet céleste » et devait, en conséquence, être célébrée avec la plus grande solennité. « Toute action qui diminue cette rencontre sacrée doit être condamnée et corrigée avec le sérieux qu’elle mérite », ont-ils affirmé, appelant à un retour à « la beauté, à l’ordre, et à la sainteté » des célébrations liturgiques.