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La chasteté revisitée, un entretien avec Mgr Varden

En pleine attente de la première neige à Tromsø, Mgr Erik Varden s’est confié sur un sujet souvent mécompris : la chasteté. Selon lui, ce terme, si facilement réduit à une interdiction sexuelle, renferme un trésor de profondeur souvent ignoré.

Reprenant une interview accordée en octobre dernier au site The Pillar , nous vous proposons les réponses de Monseigneur Varden sur ce sujet qui fait souvent débat.

La chasteté : au-delà du sexe

Lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi “Chasteté” comme titre de son ouvrage, Mgr Varden explique qu’il voulait à l’origine opter pour “Homo castus”, un titre qui aurait mis en lumière que la chasteté dépasse la simple question du sexe.

Le terme “chaste” vient du latin “castus” signifiant “entier”. Pour lui, être chaste, c’est embrasser une vie intégrale et entière.

Les dérives culturelles

Évoquant les années 60 où le sexe est passé de l’intimité à la place publique, il se demande comment notre culture a pu tant se méprendre sur le concept de chasteté. Pourtant, loin de l’image d’une inhibition de désir, la chasteté est une vertu ambitieuse et profonde.

L’Église face à la chasteté

Mgr Varden reconnaît que l’Église n’est pas exempte de reproches. Selon lui, le dualisme entre corps et esprit a été un écueil pour de nombreux croyants. Au fil du temps, une vision trop spiritualisée de l’homme a pris le dessus, reléguant nos instincts naturels à une place indigne. Il est ainsi impératif pour l’Église de redéfinir la chasteté comme une vertu incarnée.

La chasteté au cœur de la transformation chrétienne

Pour Mgr Varden, la chasteté n’est pas une simple affaire de comportement. Elle traite des tensions qui marquent l’existence humaine : entre le corps et l’âme, le masculin et le féminin, la liberté et la discipline. La chasteté nous offre une perspective pour appréhender ces tensions, et le Christ nous montre la voie pour une transformation authentique.

Marie-Madeleine : une patronne pour notre siècle

Marie-Madeleine, symbole de la transformation du désir, pourrait être une figure emblématique pour notre époque. Mgr Varden voit en elle l’incarnation de la vertu, celle qui a su reconnaître et sanctifier l’éros en elle.

Incarner la chasteté aujourd’hui

À la question des figures contemporaines qui incarnent la chasteté, Mgr Varden cite Jérôme Lejeune, découvreur de la trisomie 21. Au-delà de sa vie familiale profonde, Lejeune a démontré une chasteté élargie dans ses interactions professionnelles et ses choix de carrière.

Cet entretien avec Mgr Varden nous invite à repenser la chasteté, non comme une simple restriction, mais comme une vertu qui peut enrichir chaque aspect de notre existence.

Parcours de monseigneur Varden

Né le 13 mai 1974 à Sarpsborg, en Norvège, Erik Varden n’est pas issu d’une famille particulièrement pieuse, puisqu’il grandit dans un foyer luthérien non pratiquant. Son enfance s’écoule dans le village pittoresque de Degernes.

Dès son plus jeune âge, Varden montre une soif insatiable de connaissance. Après avoir achevé ses études en Norvège, il s’envole pour l’Atlantic College au Pays de Galles, où il poursuit ses études jusqu’en 1992. Il s’installe ensuite à l’université de Cambridge, étudiant au prestigieux Magdalene College de 1992 à 1995, et y décroche un Master of Arts.

1993 marque une année charnière pour Varden : il se convertit au catholicisme. Son parcours académique ne s’arrête pas là, il obtient un doctorat au St John’s College de Cambridge et poursuit avec une licence à l’Institut pontifical oriental de Rome.

C’est en 2002 qu’Erik ressent l’appel du monastère. Il rejoint alors l’abbaye de Mount Saint Bernard près de Coalville, en Angleterre. Il y prononce ses premiers vœux en 2004 et sa profession solennelle trois ans plus tard. En 2011, il est ordonné prêtre par Malcolm McMahon, OP.

Entre 2011 et 2013, Varden transmet son savoir en enseignant la langue syriaque, l’histoire monastique et l’anthropologie chrétienne à l’Athénée pontifical Saint-Anselme de Rome. Cependant, en 2013, il fait le choix de retourner à Mount Saint Bernard suite à sa nomination comme administrateur supérieur. En 2015, il est élu onzième abbé de l’abbaye, devenant ainsi le premier non-natif de Grande-Bretagne ou d’Irlande à occuper ce poste.

Mais 2019 lui réserve un autre destin. Le 1er octobre, le pape François le nomme évêque-prélat de la prélature territoriale de Trondheim. Bien que la consécration épiscopale prévue en janvier 2020 soit repoussée en raison d’une période sabbatique et des restrictions dues à la COVID-19, elle a finalement lieu le 3 octobre 2020 à la cathédrale de Nidaros.

Outre sa vie religieuse et académique, Varden est aussi passionné de musique. Il a étudié le chant grégorien sous la tutelle de Mary Berry et est cofondateur du forum chant avec Margaret Truran de Stanbrook Abbey. Une vie riche, dédiée à la foi, à l’enseignement et à l’art.

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