Le 17 février, le pape François marquera une nouvelle « première » de son pontificat en visitant les studios de Cinecittà, véritable temple du cinéma italien. Une rencontre symbolique avec le monde du septième art qui s’inscrit dans la tradition des pontifes ayant reconnu le rôle de cet art dans l’évangélisation et la transmission des valeurs chrétiennes. Une visite hautement significative, à l’aube du Jubilé des artistes, qui souligne la volonté de l’Église de « repenser » son dialogue avec la culture contemporaine.
Fondé en 1937 sous le régime de Mussolini, Cinecittà est un véritable monument du cinéma européen. Situé à Rome, ce complexe de studios a vu naître certains des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma mondial, des fresques historiques aux films de Fellini, en passant par des superproductions internationales comme Ben-Hur ou Gladiator. Longtemps considéré comme le « Hollywood sur le Tibre », Cinecittà demeure un symbole du rayonnement artistique italien.
C’est dans cet univers que le pape François se rendra, précisément au cœur du mythique « Théâtre 5 », où Federico Fellini a tourné ses films les plus emblématiques. Une rencontre entre l’héritage cinématographique et le message pontifical.
Un dialogue entre l’Église et le cinéma
Cette visite de François n’est pas anodine. Comme le rappelle Monseigneur Dario Edoardo Viganò, vice-chancelier des Académies pontificales des sciences et des sciences sociales, ce déplacement « indique une voie pour l’avenir : la nécessité de réfléchir et de repenser les défis que l’Église juge urgents pour le monde des artistes et de la culture en général ».
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Cette rencontre entre le Pape et le monde du cinéma n’est pas une première dans l’histoire. Jean-Paul II, en 1987, s’était rendu à Hollywood, où il avait appelé l’industrie cinématographique à s’engager dans la diffusion de valeurs universelles. Pie XII avait rencontré les icônes du cinéma italien, tandis que Paul VI entretenait des liens étroits avec des réalisateurs comme Franco Zeffirelli.
Le pape François, lui, a déjà manifesté son intérêt pour le cinéma. Grand amateur de néoréalisme italien, il cite souvent Rome, ville ouverte ou La strada comme des films ayant marqué sa jeunesse et formé sa vision du monde. Il voit dans le cinéma un puissant vecteur de réflexion sur les souffrances humaines et les « périphéries existentielles ».
Au-delà du simple hommage à l’art cinématographique, la visite de François à Cinecittà s’inscrit dans une stratégie plus large de l’Église face aux nouveaux défis de la communication. Dans un monde dominé par les réseaux sociaux et l’immédiateté numérique, le Pape rappelle que le cinéma peut rester un outil de transmission des valeurs, de dialogue et de communion.
« Le cinéma peut encore nous apprendre à regarder la réalité avec des yeux nouveaux », disait-il. Un message qui résonne avec force dans un contexte où la culture visuelle façonne les imaginaires, souvent au détriment de la profondeur spirituelle. Ainsi, cette visite à Cinecittà ne se résume pas à un hommage au cinéma italien : c’est un appel à une réflexion plus large sur le rôle des artistes et des créateurs dans la construction d’une société à l’écoute des souffrances et des aspirations de chacun.
Le cinéma doit également être capable de participer à la diffusion de l’Évangile, en offrant des récits porteurs de vérité et d’espérance. Il ne s’agit pas seulement de raconter des histoires, mais de toucher les cœurs, d’éveiller les consciences et de rappeler la quête profonde de sens qui habite chaque être humain. Dans cette perspective, la visite du Pape François à Cinecittà prend tout son relief : elle invite les artistes et les créateurs à ne pas se contenter d’un divertissement éphémère et vulgaire , mais à mettre leur talent au service d’une culture qui élève l’âme et ouvre à la lumière du Christ.