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Photo by Filiz Elaerts

Les martyres catholiques au Japon : L’Église commémore les 400 ans du massacre d’Edo

Le Japon a été le théâtre de longues périodes de persécution à l’encontre des catholiques, et la présence actuelle de l’Église dans le pays est le fruit de l’héritage des innombrables martyrs qui ont enduré des souffrances indicibles. Récemment, l’Église catholique japonaise a marqué le 400e anniversaire d’un tragique événement : le massacre d’un groupe d’au moins 50 chrétiens par les autorités japonaises.

Le 4 décembre 1623, ces chrétiens furent brûlés vifs sur un pont du centre d’Edo, qui deviendrait plus tard Tokyo. L’archevêque Tarcisio Isao Kikuchi de Tokyo a présidé une messe en l’honneur des martyrs d’Edo le 19 novembre à l’église catholique de Takanawa, suivie d’un service de prière au Fuda-no-Tsuji, un ancien lieu d’exécution.

Cette messe et ce service de prière ont constitué le point culminant d’une commémoration de 15 mois des martyrs du Japon, initiée par les évêques japonais en octobre 2022. Ils ont qualifié cette période de commémoration d’occasion pour apprendre la spiritualité des martyrs, une part précieuse de l’héritage de l’Église du Japon, pour prier ensemble, pour renforcer le désir de suivre la vie des martyrs et pour trouver la force nécessaire pour l’évangélisation.

L’Évangile a fait son entrée au Japon pour la première fois en 1549 grâce à saint François Xavier, un missionnaire prolifique contemporain de saint Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites. Les efforts de Saint François Xavier ont entraîné une première floraison de la foi au Japon, avec des milliers de conversions et l’enseignement de la foi à la première génération de Japonais convertis. D’autres missionnaires des ordres jésuites, franciscains, dominicains et augustins ont suivi.

En l’espace de deux générations, les statistiques de 1614, citées par les évêques japonais, indiquent la présence de 150 ecclésiastiques chrétiens et plus de 650 000 fidèles au Japon, dont certains étaient de la noblesse. Toutefois, à cette époque déjà, la persécution religieuse était monnaie courante, conséquence de l’interdiction du christianisme imposée pour la première fois en 1587, sous le règne du samouraï Toyotomi Hideyoshi.

Cette interdiction a débouché sur le premier grand martyre des chrétiens japonais l’année suivante. Le 5 février 1597, un groupe de 26 chrétiens, comprenant trois jésuites locaux, six franciscains étrangers et plusieurs laïcs catholiques, dont des enfants, fut crucifié à Nagasaki après une marche de la mort de 600 milles. Ces 26 martyrs, désormais connus sous le nom des “26 Martyrs du Japon” ou “Saint Paul Miki et Compagnons”, ont courageusement chanté le Te Deum lors de leur arrivée sur la colline où ils allaient être crucifiés.

L’exemple de ces 26 martyrs a continué d’inspirer les chrétiens du Japon, et malgré les persécutions, de nombreuses églises et séminaires ont prospéré. Cependant, les persécutions ont aussi donné lieu à de nombreux autres massacres de chrétiens, dont le tragique Grand Martyre d’Edo de 1623.

Les chrétiens du Japon ont dû vivre dans la clandestinité entre le XVIe et le XIXe siècle, sous la menace constante de la violence et de l’humiliation. Les persécutions de cette époque, qui ont forcé de nombreux chrétiens à renoncer à leur foi ou à affronter des morts cruelles, telles que la crucifixion, ont été dramatiquement décrites dans le roman et le film “Silence” de Martin Scorsese en 2016. Les témoignages de ces “chrétiens cachés” ou “kakure kirishitan” en japonais, ont été préservés dans des lettres et des documents qui ont été restaurés au cours de la dernière décennie par les archives et la bibliothèque du Vatican.

Dans les années 1800, les missionnaires de la Société des missions étrangères de Paris ont tenté une nouvelle fois d’évangéliser le Japon. Aujourd’hui, divers ordres religieux, dont les franciscains, sont toujours présents dans le pays.

L’empereur Meiji, qui a régné de 1867 à 1912, a finalement rétabli la liberté religieuse au Japon en 1889. En février, l’Église a célébré le 150e anniversaire de la levée des interdictions du christianisme, survenues en 1873. Le premier diocèse du pays a été créé en 1904 (aujourd’hui, il y en a 16), et en 1960, l’archevêque Peter Tatsuo Doi de Tokyo a été nommé cardinal.

Actuellement, bien que le christianisme ait prospéré dans certains pays voisins d’Asie tels que la Corée du Sud, où environ un tiers de la population est chrétienne, au Japon, il demeure une religion minoritaire, représentant environ 1 % de la population. Les tentatives de l’Église catholique pour évangéliser la population japonaise ont souvent été confrontées à des défis, notamment une culture laïque et prospère, ainsi qu’une diminution de l’identité catholique dans certaines écoles du pays, comme l’a souligné l’archevêque Kikuchi de Tokyo.

Néanmoins, le témoignage des nombreux martyrs japonais tout au long de l’histoire reste une force puissante pour l’évangélisation.

Mgr Paul Yoshinao Otsuka, évêque de Kyoto et président du Comité des évêques japonais pour la promotion de la canonisation, a écrit l’année dernière : « Tant que nous mettons notre confiance en Dieu, nous n’avons à craindre aucune calamité. Au contraire, les temps de crise sont de bonnes occasions de rencontrer la grâce de Dieu ». Il a ajouté que les chrétiens persécutés à l’époque de la persécution étaient des exemples de charité envers les malades, les veuves, les orphelins et les pauvres.

Les papes au fil des ans ont également rendu hommage aux martyrs japonais. Saint Jean-Paul II, lors de sa visite historique au Japon en 1981, a qualifié les martyrs chrétiens japonais de “multitude glorieuse, comme celle des chrétiens des premiers siècles”. Le pape François, lors de sa visite en 2019, a également rendu hommage aux martyrs à Nagasaki, marquant ainsi l’importance durable de leur témoignage dans l’histoire de la foi chrétienne au Japon.

Source aci

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