Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Tribune Chrétienne

Depuis 2000 ans

[ Liturgie] Un dialogue qui doit être renoué

Un dialogue qui doit être renoué est le titre de l’article paru dans un numéro de juillet de l’Osservatore Romano. La sociologue italienne Chiara Giaccardi nous livre une analyse très intéressante sur l’importance de renouer le dialogue entre catholiques autour de la Liturgie.

Nous vous proposons quelques passages, n’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires via redaction@tribunechretienne.fr

“Le psychanalyste Jung soulignait l’ordre extratemporel de la messe, une « déchirure du voile de la relativité temporelle et spatiale qui sépare l’esprit humain de la vision de l’éternel ». Un temps discontinu également indiqué par la solennité des gestes, par la lenteur qui rompt la frénésie, par les pauses qui mettent à distance le bruit de la vie.

Entrer dans l’espace sacré, converger autour d’un centre commun, être en communion horizontale et verticale sont les étapes d’un processus de transformation, qui resignifie le quotidien une fois que l’on revient à l’ordinaire.

Dans la liturgie, la corporéité joue un rôle central et le corps est impliqué dans toutes ses dimensions : perceptive, posturale, motrice. « L’homme qui prie est un arbre de gestes », écrivait Michel De Certeau. La vue, l’odorat avec l’encens, l’ouïe avec la voix, le chant, les cloches, le goût du pain et du vin… Toutes nos fenêtres perceptives sont éveillées, sollicitées, invitées.

Nous nous agenouillons, nous nous levons, nous nous serrons la main, nous descendons l’allée pour apporter les dons (un geste qui, dans de nombreuses cultures, revêt les mouvements et le rythme d’une danse) et pour recevoir l’Eucharistie.

En accord avec l’incarnation, le corps est au centre, et le corps signifie l’être tout entier. Un corps qui n’a pas besoin de prothèses technologiques pour entrer en communion. La liturgie renforce le lien.

Comme l’écrit Romano Guardini:

« le je de la liturgie est l’union de la communauté des croyants, c’est quelque chose qui transcende la simple somme des croyants ».

A une époque d’individualisme extrême, qui révèle tout son côté problématique, « la liturgie ne dit pas je, elle dit nous ».

Littéralement, la liturgie signifie action du peuple. Mais la liturgie, telle que nous la vivons aujourd’hui, est-elle encore capable de l’exprimer ?

La liturgie, avec son langage symbolique et le caractère concret du rassemblement, de la reconnaissance de soi, de l’ouverture à la transcendance, ne serait-elle pas un lieu de recomposition, de contraste avec la misère symbolique, de libération des pressions d’un système techno-économique de plus en plus envahissant et puissant ?

Mais aujourd’hui, la liturgie peine à jouer ce rôle, plus précieux que jamais. Et c’est une des raisons, parmi d’autres, pour lesquelles les églises sont vides.

Des liturgies peu ressenties, peu soignées, et surtout peu soucieuses des symboles, et trop d’intellectualisme, que l’on confond avec la spiritualité.

Le langage de la liturgie est un langage concret, qui redonne chair à l’abstraction de nos vies de plus en plus numérisées ; et c’est un langage choral, une expérience de communion dans un monde de plus en plus individualisé.”

Source Chiara Giaccardi, Osservatore Romano,1er juillet 2023.

Recevez chaque jour notre newsletter !

Lire aussi :