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Nouveaux vitraux de Notre-Dame de Paris-L’Elysée a choisi : le choix de l’artiste et le remplacement des vitraux font polémique

Peintures de Claire Tabouret - capture Instagram
Peintures de Claire Tabouret - capture Instagram
En parcourant les différentes réalisations de claire Tabouret l'on a du mal à trouver une pertinence entre un symbolisme artistique contemporain et la vérité divine qui ressort des vitraux actuels.

Claire Tabouret, artiste contemporaine , star à la mode du moment… convoitée pour son originalité, s’est fait connaitre avec des œuvres exposées dans des musées prestigieux à travers le monde. Inspirée par des thèmes universels et profonds, elle a su séduire des collectionneurs, dont François Pinault , et des institutions, mais son travail ne fait pas l’unanimité. C’est elle que le président de la république a choisi pour les nouveaux vitraux de Notre Dame de Paris.

L’annonce faite ce 18 décembre 2024 sur le site de l’Elysée ( communiqué ci-dessous ) concernant l’installation de ces vitraux a rapidement attiré l’attention et les critiques en tous genres. Si ce projet de 121 m² de verrières a été salué par certains pour son audace artistique, il n’a pas manqué de soulever des oppositions, notamment parmi ceux qui s’interrogent sur la cohérence de cette modernisation au sein d’un édifice chargé d’histoire et de sacré.

Claire Tabouret – capture Instagram

Depuis sa fondation, Notre-Dame est le reflet de siècles d’histoire, avec ses vitraux qui témoignent de l’évolution de l’art sacré, du Moyen Âge au XXe siècle. Le choix d’introduire un style contemporain dans cet espace est perçu par certains comme une rupture avec cette tradition.

Claire Tabouret a exprimé son ambition de proposer des vitraux en harmonie avec le thème de la Pentecôte, choisi par le diocèse de Paris. Selon elle, ses œuvres visent à accompagner le cheminement spirituel des visiteurs sans s’imposer. Cependant, ce discours ne convainc pas tout le monde. Pour plusieurs observateurs, le risque est de dénaturer l’identité visuelle et spirituelle de Notre-Dame.

« Ce lieu est un témoignage vivant de la foi chrétienne à travers les siècles. Ces vitraux modernes, bien qu’intéressants artistiquement, risquent de créer un décalage avec l’unité esthétique de la cathédrale », souligne un historien de l’art spécialisé dans le patrimoine religieux.

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Rappelons que la pétition, lancée par Didier Rykner de la Tribune de l’art, le 10 décembre 2023, continue de rassembler des signatures et de susciter le débat. Plus d’un an après son lancement, elle reste un point de ralliement pour ceux qui s’opposent à la décision de remplacer les vitraux historiques de Viollet-le-Duc par des créations contemporaines. Les critiques et les 243 250 signataires dénoncent une incohérence patrimoniale et une volonté perçue de marquer l’empreinte du XXIe siècle sur la cathédrale, au détriment de son intégrité historique.

Ce mercredi Didier Rykner déclare à Tribune Chrétienne :

« le problème n’est pas le choix de tel ou tel artiste, mais l’enlèvement de vitraux classés monuments historiques, qui n’ont pas été abîmés par l’incendie et qui ont été restaurés grâce à l’argent des donateurs. Je ne suis pas opposé à l’intervention de Claire Tabouret dans un édifice où il n’y aurait aucun vitraux, mais pas dans ces chapelles de Notre-Dame. Ajoutons cependant que même le comité artistique, contrairement à ce que dit le communiqué de presse, n’a pas trouvé les projets « de très grande qualité ». La pétition reste en ligne et j’invite tout le monde à la signer. »

Ce mouvement reflète donc une mobilisation toujours active pour défendre l’esprit originel de Notre-Dame, dans un contexte où les choix artistiques et patrimoniaux restent très discutés. La pétition appelle à abandonner ce projet controversé et à respecter les engagements initiaux de restaurer la cathédrale dans son état historique avant l’incendie de 2019.

Une autre étape critique attend le projet : l’avis de la Commission consultative du patrimoine. Cette instance, connue pour son attachement au respect de l’histoire des monuments, a déjà exprimé des réticences sur l’intégration d’art contemporain dans des édifices historiques. La commission devrait confirmer son hostilité à cette commande, remettant ainsi en question l’orientation prise par les autorités dans ce dossier sensible.

Peintures de Claire Tabouret exposées au Pavillon du Saint Siège à la Biennale de Venise en 2024

L’approbation du projet par le Président de la République et l’archevêque de Paris met également en lumière la question de l’intervention étatique dans les choix artistiques liés aux édifices religieux. Si la volonté de soutenir la création contemporaine est louable, elle soulève des doutes quant à la capacité de ces œuvres à répondre aux attentes des fidèles et des visiteurs. Pour certains, ce choix reflète une vision plus culturelle que spirituelle de Notre-Dame, privilégiant l’audace artistique à une continuité avec la tradition sacrée.

L’introduction d’art contemporain dans les édifices religieux n’est pas une nouveauté. Des artistes tels que Marc Chagall ou Joan Miró sont intervenus dans des lieux de culte. Mais le contexte de Notre-Dame, avec son histoire et son rôle central dans le catholicisme français, rend ce choix particulièrement sensible. Ces vitraux ne représentent qu’environ 5 % de la surface totale des verrières de la cathédrale. Toutefois, leur impact pourrait être disproportionné, perturbant l’équilibre visuel de la nef et la perception spirituelle des visiteurs.

Au-delà des considérations artistiques, ce projet relance le débat sur la manière de préserver et de transmettre le patrimoine religieux. Cette initiative divise entre ceux qui voient en elle une ouverture vers la modernité et ceux qui craignent une rupture avec l’héritage sacré de l’édifice.

En parcourant les différentes réalisations de claire Tabouret l’on a du mal à trouver une pertinence entre un symbolisme artistique contemporain et la vérité divine qui ressort des vitraux actuels. Il semble ainsi difficile de respecter les attentes d’une majorité de fidèles qui souhaitent que Notre-Dame reste non seulement un joyau architectural, mais aussi un sanctuaire vivant de la foi chrétienne, non soumis aux caprices d’une artiste à la mode.

Intégralité du communiqué de l’Elysée

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