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DR - Rose Ouest
DR - Rose Ouest

[ Notre Dame de Paris] Les vitraux contemporains ont-ils leur place ?

Les vitraux de Notre-Dame de Paris représentent des chefs-d’œuvre de l’art gothique, couvrant près de mille mètres carrés de surface. L’art du vitrail s’épanouit au XIIe siècle, en harmonie avec l’architecture gothique qui permet le développement des grandes verrières. Cette technique offre une ambiance spirituelle, capturant la lumière colorée dans l’espace sacré de la basilique Saint-Denis et d’autres édifices religieux.

La qualité des vitraux de Paris témoigne des importantes dépenses engagées dans la construction de la cathédrale. Cependant, au fil du temps, la cathédrale a souffert des intempéries, entraînant la dégradation des vitraux. Au XVIIIe siècle, certains ont même été remplacés par du verre blanc plus moderne, perdant ainsi l’effet lumineux et coloré d’origine.

Parmi les vitraux les mieux conservés figure la rose sud, offerte par le roi saint Louis au XIIIe siècle. Malgré des problèmes de stabilité des couleurs, elle a été reconstruite au XVIIIe siècle et restaurée au XIXe siècle dans le style médiéval par Viollet-le-Duc.

Rose Sud de Notre Dame de Paris

La composition et l’iconographie de la rose sud sont riches en symbolisme, représentant les douze apôtres, des scènes bibliques et des prophètes, illustrant des valeurs spirituelles et morales.

La rose ouest, quant à elle, offre une composition complexe avec des représentations des tribus d’Israël, des vertus et des vices, ainsi que des signes du zodiaque. Les verrières hautes, réalisées par le maître verrier Jacques le Chevallier, apportent une touche contemporaine à l’ensemble, soulignant la dimension spirituelle de l’art abstrait.

Rose Ouest de Notre Dame de Paris

Au XVIIIe siècle, la plupart des vitraux ont été retirés et remplacés par des vitreries claires, avec peu de verres colorés ou peints. Quelques médaillons, portant les armoiries de la famille de Noailles, sont les seuls vestiges de cette période.

Au XIXe siècle, des restaurations ont été entreprises sur les trois roses, mais jugées relativement modérées en raison des nombreux ajouts conservés en place depuis le XVIe siècle. ( Source ministère de la culture)

Une étude complète sur l’authenticité des roses a été menée par l’historien d’art Jean Lafond en 1959, permettant d’identifier les panneaux originaux, ajoutés et restaurés. En parallèle, les spécialistes du vitrail entreprennent une révision de cette critique d’authenticité, avec une nouvelle numérotation, une précision sur l’iconographie et une datation par siècle pour chaque panneau.

Plan de situation des vitraux établi par Karine Boulanger en avril 2019. © Centre André Chastel / CNRS / ministère de la Culture, 2019

Dans une lettre envoyée au Président Macron, Monseigneur Laurent Ulrich, archevêque de Paris, avait confirmé son « souhait » de voir l’État commander « une série de six vitraux pour les chapelles latérales sud de la nef …/…C’est avec mon plein accord que nous allons lancer un concours qui permettra aux artistes contemporains de soumettre, sur la base d’une commande qui va être passée, une œuvre figurative ».

Les opposants se font entendre…

Une pétition en ligne a rassemblé plus de 139 000 signatures. Didier Rykner souligne que les vitraux sont classés monument historique et n’ont pas été touchés par l’incendie.

De son coté le Président Macron défend le choix du modernisme en affirmant que les vitraux contemporains marqueront le XXIe siècle dans la cathédrale.

Les vitraux classés seront démontés et exposés dans un futur musée dédié à l’histoire de la cathédrale…De nombreuses voix s’élèvent pour dire que ces vitraux n’ont d’intérêt que sur place.

Sachons que cette décision est intervenue alors que, jusqu’à aujourd’hui la restauration de la cathédrale était jusque-là axée sur le respect de l’héritage de Viollet-le-Duc.

Un nouveau chapitre est donc sur le point de s’ouvrir pour les vitraux de Notre-Dame avec l’appel à la création de vitraux contemporains pour compléter l’ensemble.

Sous la présidence de Bernard Blistène, un jury sélectionnera les lauréats chargés de créer des vitraux “figuratifs” pour la réouverture de la cathédrale en 2024.

Les projets doivent être soumis d’ici fin mai 2024, mais les vitraux ne seront pas installés avant 2026, avec un prototype prévu pour la réouverture de la cathédrale le 8 décembre. Chaque projet artistique doit être accompagné d’un maître-verrier et respecter des critères spécifiques, notamment en termes de qualité de lumière.

Contrairement aux vitraux floraux et géométriques existants, ces nouveaux vitraux seront figuratifs, représentant des scènes de l’Esprit Saint et de la première assemblée chrétienne.

Une cohérence d’ensemble est recherchée pour orner l’allée de la Pentecôte, en tenant compte du vitrail de l’Arbre de Jessé et de la couleur de la pierre de Notre-Dame. La sélection des projets se déroulera en deux étapes, avec une première sélection en juin 2024 et un choix final en novembre 2024.

Cette initiative suscite donc de nombreuses interrogations quant à l’harmonisation de ces créations modernes avec le caractère historique de Notre-Dame. Est-ce que ces vitraux contemporains parviendront à s’intégrer harmonieusement dans le cadre majestueux de la cathédrale, ou risquent-ils de perturber l’atmosphère traditionnelle et sacrée qui y règne depuis des siècles ?

Source notredamedeparis.fr

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