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Scandale de l’immeuble de Londres : le procès remis en cause par les révélations de messageries secrètes

Cardinal Becciu  - DR
Cardinal Becciu - DR
"Entre manipulations, témoignages arrangés et collusions judiciaires, le cardinal Becciu dénonce un procès truqué."

Le cardinal Angelo Becciu sort de son silence avec une colère glaciale, après la publication explosive par le journal Domani de conversations confidentielles entre Francesca Immacolata Chaouqui, Genoveffa Ciferri (proche de Mgr Perlasca), et le promoteur de justice vatican Alessandro Diddi.

« La lecture des messages publiés aujourd’hui ne peut que susciter un profond désarroi », affirme le cardinal. Pour lui, « ces révélations confirment ce que j’ai dénoncé dès le début et que, pour une bonne part, le procès a déjà mis en lumière. Ce sont des choix contestables du tribunal, à l’instigation du bureau du promoteur de justice, qui ont permis à ces conversations de rester secrètes ».

Depuis l’ouverture du procès, le cardinal Becciu n’a cessé de clamer son innocence. « Dès le premier instant, j’ai parlé d’une machination montée contre moi : une enquête construite de toutes pièces sur des mensonges, qui a injustement ravagé ma vie il y a cinq ans, m’exposant à une humiliation à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, j’ose espérer que le temps du mensonge touche enfin à sa fin ».

En juillet 2024, Tribune Chrétienne avait recueilli les declarations du cardinal Becciu en exclusivité:

Dans l’une des discussions révélées, on peut lire : « S’ils découvrent que nous étions tous d’accord, c’est fini ». Une phrase que le cardinal juge « plus qu’éloquente ». Attendu en appel le 22 septembre prochain, après avoir été condamné en première instance à cinq ans et six mois de prison, le prélat indique avoir reçu ce matin « de nombreux messages de personnes indignées et choquées après avoir pris connaissance de ces échanges ».

Mais l’amertume domine. « Il reste une profonde tristesse à constater que des personnes capables de tels agissements à l’encontre d’un cardinal – ou indifférentes face à ceux-ci – continuent de détenir des postes de prestige au Vatican », déplore-t-il. Le cardinal a chargé ses avocats, Me Fabio Viglione et Me Maria Concetta Marzo, « d’engager toutes les actions judiciaires nécessaires pour faire toute la lumière sur des comportements aussi déroutants, qui n’ont rien à voir avec la recherche de la vérité ».

La défense de l’homme d’affaires Raffaele Mincione, coaccusé dans l’affaire du Palais de Londres, enfonce le clou. Les avocats Gian Domenico Caiazza, Andrea Zappalà, Ester Molinaro et Claudio Urciuoli affirment que ces conversations « confirment ce que nous avons déjà documenté et dénoncé depuis longtemps devant le tribunal du Vatican, mais aussi à l’international ». Ils dénoncent « l’implication active de l’autorité judiciaire vaticane et des enquêteurs, ainsi que de personnes extérieures à l’enquête et au procès, dans la préparation du témoignage de Mgr Perlasca ».

Il y aurait eu selon eux « des interférences visant à orienter la narration accusatoire contre certains prévenus ». En résumé, « les conversations révélées démontrent que le procès a été, dès son origine, gravement faussé. L’absence d’impartialité et la manipulation du principal témoin à charge ne relèvent pas de simples vices de procédure, mais sapent la validité et la crédibilité de tout le jugement ».

L’ensemble des pièces a été transmis par l’avocat Rodney Dixon, représentant de Mincione, à Margaret Satterthwaite, rapporteuse spéciale des Nations unies chargée de l’indépendance des juges.

Dans ces échanges, Francesca Chaouqui, présentée comme une manœuvrière dans l’ombre de Mgr Perlasca, apparaît capable d’anticiper les détails de l’enquête et des interrogatoires. Ainsi, le 3 septembre 2020, Genoveffa Ciferri lui écrit : « Bonjour Francesca. Écris-moi bien ce que veulent les magistrats ». Dans un autre message, elle s’émerveille : « C’est fantastique comme tu arrives à connaître ces indiscrétions ! En tout cas, jamais je ne me permettrai de te demander comment tu fais ni avec qui tu es en lien. Il me suffit d’avoir constaté qu’elles sont parfaitement véridiques ».

Le scandale ne fait peut-être que commencer. Un procès « de toutes pièces » ou une justice à plusieurs vitesses ? À la lumière de ces révélations, une chose est sûre : le Vatican ne pourra plus faire comme si de rien n’était.

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