Nos confrères de la nuova Bussola nous indiquent que le synode local utilise certains moyens de pression pour imposer ses » vues doctrinales les plus fantaisistes « …
Tant que l’évêque Félix Gmür n’accorde pas la liberté de conduite sexuelle (y compris homosexuelle) aux employés de l’Église, environ 440 000 francs suisse , environ la moitié de la contribution due au diocèse, seront retenus dans les coffres du Synode local au moins jusqu’à l’automne 2024.
Le Conseil synodal de l’Église catholique du canton suisse de Lucerne, composé principalement de laïcs et dirigé par une femme, a donc décidé de retenir une partie de la taxe ecclésiastique qui devrait être versée au diocèse de Monseigneur Gmür.
Quelles sont leurs revendications ?
Dans le communiqué, on peut lire :
« l’Église [de Bâle] doit s’éloigner de sa « morale sexuelle anti-vie et homophobe ».
Le sens de l’expression « morale sexuelle anti-vie » ne peut être que sujet à des conjectures. Probablement, les membres du Synode font référence à l’interdiction de l’accès à la fécondation artificielle même par les couples homosexuels.
En revanche, le sens de l’épithète « homophobe » est plus clair, comme illustré plus loin dans le communiqué : le diocèse, à juste titre, n’embauche pas de personnes ayant des relations homosexuelles, et cette raison est également valable pour leur licenciement. Ces choix sont qualifiés d’homophobes car la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) elle-même – l’association des organisations ecclésiastiques cantonales – avait demandé aux évêques suisses de se comporter différemment et d’ouvrir leurs bureaux à tous : divorcés, remariés, homosexuels, concubins.
Ainsi, le secrétaire général de la RKZ, Urs Brosi, a déclaré : « Pour les employés, cela peut encore être un motif de licenciement s’ils se marient après un divorce civil, cohabitent pendant longtemps ou ont une relation homosexuelle. Tout cela devrait prendre fin ». Il convient d’ajouter que le Synode de Lucerne a décidé de couper les vivres au diocèse de Bâle parce que c’est la stratégie décidée d’en haut, précisément décidée par la RKZ.
Ce qui se passe à Bâle peut être interprété selon deux perspectives. Dans la première, l’évêque est un simple citoyen qui est puni s’il ne respecte pas les lois du Synode, comme si ce dernier était un parlement. En fait, il ne s’agit même plus d’une métaphore, mais d’une réalité, à en croire le titre du communiqué de presse du Synode qui dit ainsi : « Le Parlement ecclésiastique fait pression sur le diocèse ».
Le Synode local, par la participation, l’écoute et les votes communautaires, est devenu un véritable parlement avec ses lois et ses sanctions auxquelles tous, y compris les évêques, doivent obéir.
En témoigne également Monika Käch, membre du Synode, qui a déclaré à propos de l’affaire du diocèse de Bâle : « Nous avons la possibilité d’agir aujourd’hui. Nous, au Synode, en tant que représentants du peuple, avons une responsabilité ». L’Église hiérarchique est devenue une institution démocratique.
Une deuxième interprétation de cette affaire est de nature managériale. L’évêque Gmür a été embauché par le Synode, vu comme une société anonyme, pour atteindre certains résultats. En substance, un contrat à projet, bien que de nature managériale. Si l’évêque ne satisfait pas aux demandes de l’employeur et sous la pression des actionnaires mécontents, une partie de son salaire lui est retirée en ne lui versant pas certaines tranches.
Une interprétation fantaisiste et un peu tirée par les cheveux non ?
Pas vraiment. Monika Käch aurait en effet déclaré que « si vous transposez cela à une entreprise [c’est-à-dire si vous adaptez ce cas à un système d’entreprise], alors vous, en tant qu’actionnaires, avez le devoir de surveillance , d’agir et de donner des instructions à la direction si elle ne fait rien d’elle-même ». Les fidèles en tant qu’actionnaires, l’évêque en tant que gestionnaire.
De l’Église catholique à l’Église synodale, puis à l’Église parlementaire et à l’entreprise….il n’y a qu’un pas…gageons que de telles déviances n’arrivent pas en France..
Source Nuova bussola