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Syrie: « Les rebelles promettent de respecter les chrétiens »

Monseigneur Hanna Jallouf - DR
Monseigneur Hanna Jallouf - DR
« Beaucoup de chrétiens nous remercient aujourd’hui, et certains de ceux qui étaient partis envisagent de revenir »

Monseigneur Hanna Jallouf, évêque latin d’Alep, a récemment confié à Avvenire que les groupes rebelles ayant pris le contrôle de la ville ont garanti la sécurité des chrétiens et souhaitent établir un État fondé sur la diversité. Selon lui, ces milices auraient tiré des leçons de leur mauvaise gestion passée à Idlib, où elles ont, par la suite, restitué des biens aux habitants chrétiens.

Une situation inédite à Alep

Interrogé sur ses échanges avec les chefs des milices, Monseigneur Jallouf a expliqué : « Je connaissais déjà certains d’entre eux, lorsque j’étais curé à Idlib. Dès leur entrée dans Alep, ils m’ont contacté pour assurer les chrétiens de leur sécurité. » Malgré la complexité de la situation, l’évêque a affirmé que les prélats locaux ont choisi de rester sur place pour accompagner leur communauté. « Beaucoup de chrétiens nous remercient aujourd’hui, et certains de ceux qui étaient partis envisagent de revenir », a-t-il ajouté.

Monseigneur Jallouf estime qu’à l’heure actuelle, il est plus sûr pour les chrétiens de rester à Alep sous l’autorité des milices que de fuir pour devenir réfugiés. Il a également rappelé les accords passés à Idlib, où les rebelles avaient restitué maisons et terres aux familles chrétiennes ayant regagné leurs villages. « Cela a envoyé un signal clair : ils disent vouloir vivre avec nous, changer le régime et non persécuter les minorités », a-t-il expliqué.

Un projet politique en gestation

Concernant l’intention des rebelles de fonder un nouvel État, Mgr Jallouf a déclaré : « Ils souhaitent réorganiser les institutions en Syrie, créer un nouveau Parlement et lever les sanctions imposées par les États-Unis. Nous prions pour que cette ambition apporte des fruits positifs. »

Cependant, des zones d’ombre subsistent. « La chute d’Alep en seulement 48 heures, malgré une forte présence gouvernementale, laisse penser qu’un accord pourrait avoir été négocié en amont. Mais je n’ai pas d’informations précises à ce sujet », a-t-il précisé.

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Une vie quotidienne marquée par des défis

Sur la vie quotidienne à Alep, Mgr Jallouf a noté des améliorations : « Les rebelles ont assuré une distribution de pain en quantité suffisante, et la situation de l’électricité et de l’eau potable s’est également améliorée. » Toutefois, le coût de la vie reste un défi majeur, les habitants continuant à vivre dans une grande précarité.

Interrogé sur la nature des rebelles, l’évêque a nuancé : « Tous ne sont pas affiliés à Al-Qaïda ou à des groupes djihadistes fanatiques. Certains ont pris leurs distances avec ces positions extrêmes pour fonder un État libre. Néanmoins, il existe aussi des organisations avec une matrice très radicale qui combattent à leurs côtés. »

Malgré ces distinctions, la situation à Alep demeure fragile et incertaine, laissant entrevoir des défis importants pour les chrétiens et l’ensemble de la population syrienne.

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