À compter du 26 août prochain, Louis Lourme assumera la direction des Facultés Loyola Paris, marquant ainsi un tournant significatif. Succédant au Père Etienne Grieu, ce laïc apporte avec lui une expérience de dix ans en tant que directeur de l’ensemble scolaire jésuite Saint-Joseph de Tivoli à Bordeaux, ainsi qu’une solide réputation dans les domaines de la philosophie politique contemporaine et de l’éducation catholique.
Âgé de 44 ans, docteur en philosophie, chercheur et enseignant, marié et père de trois enfants, on attend de lui qu’il dynamise et internationalise davantage les Facultés Loyola Paris.
« Je considère le fait de rejoindre les Facultés Loyola Paris comme une extraordinaire occasion de faire coïncider mon attachement de longue date à la tradition spirituelle et pédagogique de la Compagnie de Jésus avec la dimension universitaire de mon parcours », a commenté Louis Lourme avec enthousiasme.
Cependant, derrière cette annonce prometteuse, se cachent des défis profonds auxquels les Jésuites doivent faire face. Le Père Julio Fernández Techera, recteur de l’Université catholique d’Uruguay, a récemment publié un essai critique, soulignant une “profonde décadence” au sein de l’ordre fondé par Saint Ignace de Loyola.
Dans son texte intitulé Ad usum Nostrorum III, il critique ouvertement la gestion interne de la Compagnie de Jésus, mettant en lumière des problèmes non résolus lors des assemblées générales et des situations scandaleuses, comme celle impliquant le prêtre Marko Rupnik, accusé d’abus sexuels.
Ces préoccupations trouvent un écho dans un récent scandale en Bolivie. La Fiscalía General del Estado a annoncé la réouverture de l’enquête sur le défunt prêtre jésuite catalan Luis Roma Padrosa, accusé d’abus sexuels sur des mineurs indigènes durant son ministère en Bolivie. Les révélations, publiées par El País, décrivent des années d’abus documentés par le prêtre lui-même, accompagnés d’une gestion interne insuffisante de la part des autorités jésuites.
De son côté, le Père Thierry Dobbelstein sj, Supérieur Provincial des jésuites d’Europe occidentale francophone, a affirmé :
« Je me réjouis doublement de la nomination de Louis Lourme comme nouveau recteur. Je pressens l’énergie et la créativité qu’il apportera aux Facultés Loyola Paris par ses qualités académiques et son expérience de management. En outre, avoir un laïc à la tête d’une institution jésuite s’inscrit dans une orientation forte de la Compagnie de Jésus dont la mission est portée ensemble par les jésuites et de nombreux laïcs ».
On constate donc que malgré les succès académiques et l’engagement mondial de la Compagnie de Jésus, celle-ci se trouve également embourbée dans les eaux troubles des critiques internes et des scandales passés, révélant ainsi ses difficultés à préserver son héritage.
