Cardinal Arthur Roche : « S’ils savaient que la plupart des jours, je célèbre la messe en latin… »
Cardinal Roche - DR
Alors que son nom est souvent associé à une restriction du rite traditionnel, il affirme pourtant célébrer la messe en latin « la plupart des jours ».
Le cardinal Arthur Roche, préfet du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, est l’un des prélats les plus influents de la Curie romaine. À 74 ans, il est un conseiller clé du pape François et joue un rôle central dans la réforme liturgique initiée par le Concile Vatican II.
Dans cette interview accordée à The Catholic Herald, il évoque son itinéraire, depuis son enfance marquée par une foi profonde jusqu’à ses responsabilités successives dans l’Église. Ordonné prêtre en 1975 dans le diocèse de Leeds, il a gravi les échelons de la hiérarchie ecclésiastique, devenant évêque en 2001 puis secrétaire du Dicastère pour le Culte Divin en 2012, avant d’en être nommé préfet par le pape François en 2021.
Il revient notamment sur son passage au Collège anglais de Valladolid, son expérience en paroisse, son rôle lors de la visite de saint Jean-Paul II à York en 1982 et son travail auprès des évêques d’Angleterre et du Pays de Galles.
Interrogé sur le Synode sur la synodalité, le cardinal Roche défend le processus voulu par le pape François, qui vise à créer une culture d’écoute et de dialogue dans l’Église, Il décrit un processus où les participants sont appelés à écouter en profondeur, à prier et à réfléchir avant de formuler des réponses, insistant sur la nécessité de se recentrer sur le Christ dans un monde en mutation.
« Je n’aurais jamais envisagé la synodalité de cette manière, mais c’est un immense don fait à l’Église. Cela nous enseigne à écouter attentivement, plutôt qu’à nous engager immédiatement dans une défense agressive de nos positions.
Un plaidoyer pour la formation liturgique
En tant que préfet du Dicastère pour le Culte Divin, le cardinal Roche met en avant un défi majeur : la formation liturgique. Il déplore une méconnaissance croissante des principes fondamentaux de la liturgie, qui conduit parfois à des abus ou à des célébrations réduites à de simples performances :
« Nous ne pouvons adorer Dieu que dans l’unité de l’Église, selon la tradition apostolique. La liturgie n’est pas une création personnelle. Elle est un don à recevoir et à célébrer avec fidélité. »
Il rappelle que le pape François a exprimé cette préoccupation dans l’exhortation Desiderio Desideravi, qu’il qualifie de « lettre d’amour du pape à la liturgie ».
Alors que Traditionis Custodes, le motu proprio du pape François, a limité l’usage du missel de 1962, certains reprochent au cardinal Roche une opposition systématique à la messe traditionnelle. À cette critique, il répond avec une phrase qui ne manquera pas de surprendre ses détracteurs :
« S’ils savaient que la plupart des jours, je célèbre la messe en latin… »
Il précise qu’il célèbre régulièrement la messe en latin, mais dans la forme ordinaire du rite romain.
« Il est faux de dire que je suis opposé à la messe en latin. Le latin reste la langue commune de l’Église, et ici, à Rome, nous l’utilisons régulièrement. J’ai moi-même été formé au service de la messe tridentine jusqu’à l’âge de 20 ans. »
Toutefois, il insiste sur le fait que le missel de 1962 ne doit pas être considéré comme la norme et rappelle que la réforme conciliaire a cherché à favoriser une meilleure participation des fidèles, notamment à travers la richesse scripturaire du nouveau lectionnaire:
« Ce qui m’étonne, c’est pourquoi certains s’indignent tant du fait que d’autres célèbrent la messe tridentine. Il faut garder à l’esprit que ces groupes restent très minoritaires, même s’ils sont parfois bruyants. »
Tout au long de cet entretien, le cardinal Roche se montre fidèle à son image de prélat pragmatique, soucieux de l’unité de l’Église et du respect de la liturgie. Son parcours, marqué par l’humilité et une grande diversité de responsabilités, témoigne d’une fidélité constante à sa vocation.
Alors que l’Église continue de naviguer entre tradition et modernité, il rappelle que la liturgie est avant tout une œuvre de Dieu, à recevoir avec obéissance et respect.
« Notre responsabilité est de célébrer la liturgie telle qu’elle nous est donnée, avec foi et noblesse, pour qu’elle demeure une source de grâce pour tous les fidèles. »