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Une infirmière vietnamienne, ex-communiste athée, baptisée à Pâques 2025

Dau Kieu Giang (en blanc) avec d’autres catéchumènes et leur accompagnatrice, sœur Teresa Ho Thi Vinh, le 25 février dans la paroisse de Cam Lo (province centrale de Quang Tri).
© Ucanews
Dau Kieu Giang (en blanc) avec d’autres catéchumènes et leur accompagnatrice, sœur Teresa Ho Thi Vinh, le 25 février dans la paroisse de Cam Lo (province centrale de Quang Tri). © Ucanews
« Après plusieurs mois, je ne pouvais plus tenir, j’ai été forcée de démissionner »

Une infirmière vietnamienne, autrefois membre du Parti communiste et athée, recevra le baptême durant la vigile pascale 2025, dans la paroisse de Cam Lo (province centrale de Quang Tri). Elle se confie sur son histoire de conversion dans cette série de témoignages, publiée tous les ans au moment du Carême par l’agence Ucanews et appelée « le Christ appelle, les Asiatiques répondent ».

Dau Kieu Giang, une infirmière de 43 ans, autrefois athée et membre du Parti communiste vietnamien, se prépare à recevoir le baptême à Pâques 2025 dans une paroisse de la province centrale de Quang Tri. Elle explique avoir découvert le catholicisme en 2021 alors qu’elle dirigeait une équipe de 14 personnes soignant les malades du Covid-19 dans un hôpital public de la province de Quang Binh.

Parmi ses patients se trouvait un garçon âgé de 5 ans dans un état critique et placé à l’isolement. « Un jour, sa mère, une catholique, m’a supplié de baptiser son fils gravement malade », explique l’infirmière. Lucia Vu Thanh Nhan, la mère, ne pouvant pas le faire elle-même puisque son fils était à l’isolement, a expliqué à l’infirmière comment procéder. En effet, selon le droit canonique (canon n°861 du Code de droit canonique), en l’absence d’un ministre ordinaire, « un catéchiste ou une autre personne députée à cette charge par l’ordinaire du lieu confère licitement le baptême, et même, dans le cas de nécessité, toute personne agissant avec l’intention requise ».

Communiste convaincue à l’époque, Dau Kieu Giang a refusé de le faire, du moins au début. « Je n’y voyais que de la superstition ». « Pourtant, j’ai été peinée en voyant que le petit garçon avait du mal à respirer. Je l’imaginais rêver d’avoir sa mère près de lui, pour le consoler. Donc j’ai finalement décidé de répondre à la demande de la mère, en espérant que cela apaise l’enfant. »

« Après plusieurs mois, je ne pouvais plus tenir, j’ai été forcée de démissionner »

Son supérieur l’a surprise au moment où elle versait de l’eau bénite et traçait un signe de croix sur le front du garçon. La direction de l’hôpital l’a alors accusé d’utiliser son poste pour répandre des superstitions au travail. « Ils ont refusé d’accepter mon explication, alors que je disais que je l’avais fait pour soulager l’enfant et ses parents. »

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Après la fin de la pandémie en 2022, ses responsables l’ont transférée dans un dispensaire reculé près de la frontière avec le Laos – une mesure punitive déguisée en réaffectation, explique l’infirmière. Le nouveau poste était difficile et l’amenait à parcourir à moto plus de 100 km de routes sinueuses dans les montagnes afin d’atteindre son lieu de travail. Elle a également subi plusieurs accès de paludisme.

« Après plusieurs mois, je ne pouvais plus tenir, j’ai été forcée de démissionner », raconte-t-elle. Après cela, elle a travaillé dans un service de laverie à Dong Ha. Mais elle est partie après deux mois sans recevoir de salaire.

Peu de temps après, lors d’un mariage, elle a retrouvé la famille du garçon qu’elle avait baptisé. « En voyant combien les choses étaient difficiles pour moi, ils m’ont aidé à lancer une petite boutique de cosmétiques afin que je m’en sorte. » Lucia Nhan, qui dirige un commerce au Laos, était déterminée à lui rendre la pareille pour ce qu’elle avait fait pour son fils. « Elle a subi tellement d’épreuves, tout cela parce qu’elle avait aidé à baptiser mon enfant, qui a survécu grâce à elle. »

« Je sens que Dieu marche à mes côtés. C’est la meilleure décision de ma vie »

Lucia Nhan et Dau Kieu Giang sont devenues amies. Lucia Nhan lui a expliqué la foi catholique et les différences entre le catholicisme et les autres confessions chrétiennes, et l’a accompagnée à l’aide de ressources spirituelles en ligne et de films catholiques. « J’ai décidé d’embrasser cette foi et j’ai commencé à suivre des cours de catéchisme », confie Dau Giang. De son côté, Lucia assure qu’elle et sa famille « resteront à ses côtés ». « Les voies du Seigneur son impénétrables. Il a utilisé cet événement pour guider son expérience de foi et qu’elle puisse trouver son chemin vers l’Église. »

En décembre, Dau Giang a rejoint un cours de cinq mois donné par des religieuses locales. Elle y a étudié les enseignements catholiques, la morale chrétienne et l’histoire du salut avec quatre autres catéchumènes. Dau Giang a choisi Lucia comme marraine pour son baptême, qu’elle recevra durant la vigile pascale dans la paroisse de Cam Lo (province de Quang Tri).

La catéchumène se dit touchée par la générosité des catholiques qui l’ont accueillie à bras ouverts et qui l’ont soutenue à la fois financièrement et spirituellement. « Ils m’ont appris que tendre la main à quelqu’un dans le besoin, c’est comme aider Dieu lui-même. J’en ai fait l’expérience, la foi est la présence de Dieu dans mon cœur. Il m’aide à pratiquer la bonté et le pardon et à vivre dans la paix. »

Dau Kieu Giang, dont les parents ont combattu contre le Sud-Vietnam soutenu par les Américains, ont eux aussi coupé leurs liens avec le Parti communiste en 2023. Elle a également trois frères et sœurs. Elle précise que ses parents ne sont pas au courant de sa décision de devenir catholique. Elle ne veut pas non plus faire connaître autour d’elle son futur baptême, craignant que la nouvelle soit un choc pour sa famille élargie. « Je sens que Dieu marche à mes côtés. C’est la meilleure décision de ma vie. Je crois que si Dieu m’a conduit dans son Église, il trouvera une façon de rapprocher ma famille de lui », ajoute-t-elle.

(Avec Ucanews)

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