Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national, est décédé à l’âge de 96 ans ce mardi 8 janvier. Tout au long de sa vie publique, il n’a cessé de revendiquer un attachement au christianisme, mêlant des références religieuses à ses discours politiques. Dans une interview accordée à La Vie en 2007, il s’était confié sur son éducation religieuse, son rapport aux Évangiles et sa vision de la laïcité.
Né dans une famille bretonne profondément catholique, Jean-Marie Le Pen avait reçu une éducation religieuse stricte, notamment chez les jésuites du collège Saint-François-Xavier à Vannes. Il affirmait que cette formation lui avait transmis une « solide culture classique et des valeurs morales ». Bien que croyant, il admettait ne pas assister régulièrement à la messe dominicale, tout en revendiquant un lien fort avec le catholicisme.
Dans son interview, il insistait sur l’importance des religions comme socle de stabilité sociale :
« En France, les valeurs morales fondant notre civilisation prennent leur source dans le christianisme. »
Cependant, sa relation avec l’Église catholique était complexe. S’il se référait régulièrement aux Évangiles dans ses discours, il avait également critiqué l’Église, la qualifiant de « ventre mou de notre pays ». Ces propos, ajoutés aux positions du Front national sur l’immigration, avaient conduit à une rupture ouverte avec l’épiscopat français de l’époque. En 1998, le cardinal Billé, avec le soutien des responsables des autres grandes religions, avait publiquement critiqué « le caractère xénophobe et raciste de son parti. »
Jean-Marie Le Pen n’hésitait pas à puiser dans la symbolique chrétienne pour appuyer son discours politique. En 2002, après son accession au second tour de l’élection présidentielle, il avait lancé un retentissant « N’ayez pas peur ! », reprenant les paroles de saint Jean-Paul II. Cependant, cette utilisation des références chrétiennes était perçue par beaucoup comme une instrumentalisation, surtout dans un parti où cohabitaient des courants païens hostiles au christianisme.
Lors de l’interview, il soulignait également la place centrale des Évangiles dans sa pensée :
« Les principes guidant mon action politique – la réhabilitation de la famille et de la patrie, le respect de la vie, la justice sociale – prennent leur source dans les Évangiles. »
Malgré ces déclarations, son rapprochement avec des figures controversées et les tensions internes au Front national sur les questions religieuses ont souvent terni la perception de son engagement spirituel.
Jean-Marie Le Pen évoquait également des figures et des lieux qui inspiraient son action. Jeanne d’Arc était pour lui un modèle de foi et de détermination. Il avait aussi choisi le Mont-Saint-Michel comme lieu emblématique pour lancer sa campagne présidentielle de 1987, en raison de son lien avec l’archange saint Michel, patron de la France.
Divorcé puis remarié avec Jany Le Pen en 1991, celui que l’on avait surnommé Le Menhir pour sa stature imposante et sa longévité politique, a toujours suscité des réactions contrastées. Admiré par certains pour sa défense des traditions et des valeurs nationales, il a été critiqué par d’autres pour ses prises de position politiques jugées trop clivantes.
Son décès marque la fin d’une époque et pose la question de l’héritage politique et moral qu’il laisse, à l’heure où les débats sur l’identité, la foi et la laïcité continuent de diviser la société française.