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Fin de vie : François Bayrou veut diviser le projet de loi en deux textes distincts

Il n’est pas admissible que l’État légifère en faveur de la mort comme solution à la souffrance, surtout lorsque tant d’efforts restent à faire pour garantir l’accès aux soins palliatifs

François Bayrou, Premier ministre, a exprimé sa volonté de scinder le projet de loi sur la fin de vie en deux textes distincts, lors d’une intervention ce mardi 21 janvier devant les députés du groupe Ensemble pour la République (EPR). Selon lui, cette scission permettrait de traiter de manière plus précise deux volets distincts du projet : l’un concernant les soins palliatifs et l’autre l’aide à mourir. Les deux textes seraient examinés « dans une même temporalité parlementaire », a précisé son entourage.

Cette annonce survient après que l’examen du projet initial ait été interrompu suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024. Le texte, porté à l’origine par le gouvernement de Gabriel Attal, visait à légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l’euthanasie, sous des conditions strictes. Cependant, l’arrêt des débats parlementaires a créé un vide législatif sur une question profondément divisive.

Les soins palliatifs, qui visent à soulager la douleur et à accompagner dignement les personnes en fin de vie, devraient être au cœur de toute législation concernant la fin de vie. Toutefois, en scindant le texte en deux volets, le gouvernement semble sous-estimer l’importance de cette priorité morale et chrétienne. La société a un devoir moral de veiller sur les plus vulnérables, de les entourer de compassion et de dignité jusqu’au dernier souffle, sans jamais les abandonner à leur souffrance ou à leur isolement.

Le manque de structures adaptées et de moyens pour les soins palliatifs en France est un scandale. Chaque année, des milliers de personnes en fin de vie se voient privées de soins adaptés, faute de moyens ou de formation du personnel médical. Il est donc plus que nécessaire que l’État se concentre sur l’extension des soins palliatifs avant de s’engager dans une voie périlleuse en autorisant une aide active à mourir, qui ne pourrait que favoriser l’euthanasie.

Le second volet du projet, concernant l’aide active à mourir, pourrait devenir un pas de plus vers la légalisation de l’euthanasie en France. Bien que la loi Claeys-Leonetti de 2016 permette déjà une sédation profonde et continue, l’introduction d’une aide active à mourir pose un problème moral fondamental. Ce texte risque d’ouvrir la porte à une culture de la mort, où la souffrance humaine serait réduite à un simple choix individuel, plutôt qu’à un combat collectif pour préserver la dignité humaine.

Loin de répondre à une « question de conscience » comme le prétend François Bayrou, l’euthanasie est une question de société qui nous concerne tous. Il n’est pas admissible que l’État légifère en faveur de la mort comme solution à la souffrance, surtout lorsque tant d’efforts restent à faire pour garantir l’accès aux soins palliatifs de qualité pour tous. En légalisant l’aide à mourir, nous risquons de tomber dans l’abîme d’une société qui, au lieu d’accompagner la souffrance, choisit de l’éliminer.

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Le projet de loi de François Bayrou, bien que séparant les deux volets en apparence, ouvre un espace inquiétant pour la culture de l’utilitarisme. En mettant sur un pied d’égalité l’accompagnement des malades en fin de vie et la question de la mort assistée, le gouvernement semble sous-estimer l’importance de la solidarité humaine et chrétienne envers les plus fragiles.

L’un des arguments avancés pour justifier cette scission est la volonté d’agir « plus vite et de manière plus efficace ». Mais quel est le prix à payer pour cette rapidité ? La mort, dans cette optique, devient une marchandise, une option parmi d’autres, à offrir à ceux qui souhaitent s’en défaire plutôt que de se battre pour offrir des alternatives humaines et chrétiennes à la souffrance. La dignité humaine ne se mesure pas à l’efficacité législative, mais à notre capacité à nous élever au-dessus des tendances utilitaristes qui réduisent l’individu à une somme de besoins à satisfaire.

Les catholiques ont toujours été des défenseurs ardents de la vie et de l’accompagnement des malades. Le projet de loi sur la fin de vie, tel qu’il se profile, constitue une attaque contre les principes fondamentaux de la foi chrétienne. Il est impératif que l’Église prenne position fermement contre l’euthanasie et l’aide active à mourir, comme elle l’a toujours fait. Le Saint-Siège, à travers de nombreuses déclarations, a rappelé que la vie humaine est un don de Dieu et qu’aucune autorité civile ne doit avoir le droit de disposer de cette vie.

Il est de notre devoir, en tant que catholiques, de défendre la vie et d’exiger des politiques publiques qui protègent les plus vulnérables, au lieu de leur offrir la mort comme solution. Cela signifie insister pour que l’État investisse dans des soins palliatifs accessibles à tous et renonce à toute législation qui pourrait autoriser l’euthanasie sous couvert de « respect de la conscience individuelle ».

L’enjeu est moral, mais aussi spirituel : comment une société peut-elle prétendre être juste si elle n’est pas prête à accompagner jusqu’au bout les personnes les plus fragiles, au lieu de leur offrir une mort prématurée ?Ce projet de loi marque un tournant, et il est de notre responsabilité, en tant que défenseurs de la vie, de nous opposer fermement à la culture de la mort qui semble s’installer insidieusement.

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